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Pathfinder : le titan de Paizo

Pathfinder

Pathfinder est un jeu de rôle sous licence Paizo, dont la version française est publiée par Black Book Editions. Il est souvent considéré comme le JDR de choix en alternative à Donjons & Dragons. Les deux jeux ont d’ailleurs une histoire commune, mais qu’est-ce que ce premier propose réellement ?

Ces dernières années ont été assez profitables pour Pathfinder. En 2019, une nouvelle édition, puis deux jeux vidéo qui ont été des succès pour les fans de RPG. Et enfin le scandale de l’Open Gaming Licence en janvier 2023. La licence de Paizo a le vent en poupe : l’équivalent de 8 mois de vente réalisés en 2 semaines.

De Dungeons & Dragons à Pathfinder

Paizo est relativement jeune comparé à certains de ses concurrents dans le milieu de l’édition de jeu de rôle. Pour ainsi dire, le JDR, avec Dungeons & Dragons, est apparu dès 1974. Mais il faudra attendre près de 50 ans pour que Paizo Publishing se forme.

C’était alors une compagnie américaine dont la source de revenus était la publication d’un magazine spécialisé sur Dungeons & Dragons pour le compte de Wizards of the Coast.Ce dernier avait en effet racheté le jeu à TSR et était le propriétaire de la licence depuis 1999.

Pendant cinq ans, Paizo va continuer cette publication jusqu’à ce que Wizards ne renouvelle plus l’accord. Qu’à cela ne tienne, en 2007, Paizo lance alors les premiers tests pour son futur jeu de rôle. Il est basé sur le système de la nouvelle édition de DnD à l’époque : 3.5. Appelée la 3.5, elle mettait à jour une partie des règles de la 3e édition. Chose possible grâce à l’OGL 1.0a. C’est un document qui donne légalement le droit à des tiers de faire des publications de ce genre.

Coup de chance ! Les conditions s’alignent pour Paizo puisqu’en 2008, WotC sort la 4E de Dungeons & Dragons. Elle ne plaît pas énormément à la fanbase. Aussi, ceux qui préféraient la 3.5 vont se tourner vers ce nouveau JDR qui en propose une version retravaillée : Pathfinder, dont la version française est publiée par Black Book Editions. Ceci vaut à cette première édition d’être considérée en quelque sorte comme DnD 3.75.

La V1 de Pathfinder : des bases solides

C’est là un premier quart d’heure de gloire pour Paizo et son jeu de rôle fétiche : numéro 1 entre 2011 et 2014 selon les rapports. Cependant, sa complexité bien que faisant partie de sa richesse ne le rend pas très accessible. Aussi, quand DnD 5E sort en 2014, il devient un standard, voire la référence, du JDR. Pathfinder retombe un peu dans la peau du second couteau.

Il faudra attendre 2018 pour que la firme lance les tests pour la prochaine édition et celle-ci sort en 2019. Si la 5e mise sur une simplification des règles pour un maximum d’accessibilité, Pathfinder 2e redouble d’effort dans son choix d’être un jeu avec une grande profondeur mécanique.

En parallèle, la franchise connaît un autre succès, la duologie de jeu vidéo chez Owlcat Games. Financés via Kickstarter, Kingmaker en 2017 puis Wrath of the Righteous en 2020 sont d’énormes succès. Il reprennent le monde, des scénarios et adaptent les règles de Pathfinder 1E.

Mais qu’est-ce que le monde de Pathfinder ? Alors bien qu’on retrouve surtout le medieval fantasy inspiré de DnD et par extension de Tolkien au cœur de son univers, Pathfinder propose un monde beaucoup plus ouvert et modulable que les autres JDR. Ainsi, le monde de Golarion est un monde patchwork. De cette manière, medieval fantasy, steampunk, horreur gothique et j’en passe peuvent se justifier.

D’autant plus que depuis l’année dernière, en 2023, comme beaucoup de créateurs majeurs, Paizo tend à se détacher des créations de WotC. Entre autres changements, ceci implique par exemple de ne plus utiliser le terme de drow pour parler des elfes maléfiques à la peau sombre.

Une mécanique de power fantasy

Le vrai pitch de Pathfinder et ce autour de quoi sa mécanique est construite, c’est de vraiment faire ressentir la progression des personnages. Les PJ de niveau 1 sont donc de parfaits inconnus lambda tandis qu’au niveau 20, ils sont pratiquement des demi-dieux. Si on ne ressent aucune amélioration dans certains systèmes de jeu, un bond notable dans Dungeons & Dragons, dans Pathfinder, l’avancée est exponentielle.

Chaque niveau creuse l’écart de puissance des personnages dans le JDR de Paizo. Par exemple, du point de vue du gameplay les niveaux contribuent à gonfler les jets d’attaque. Le jeu a aussi un système de réussite critique à + 10 ou d’échec critique à -10 au-dessus de l’AC et cela rend le tout plus cinématique.   

Ceci n’est pas toujours sans son lot de problèmes, car il nécessite plus d’attention au meneur dans l’équilibre des combats. En effet, il fait aussi que l’écart de puissance entre une poignée de niveau ou entre des personnages optimisés et non peut vite causer du tort à la difficulté des challenges puis par conséquent au fun. L’existence de nombreuses pièces mobiles ne facilite pas l’exercice.

Un couteau à double tranchant pour Pathfinder

Une création de personnages complète

L’autre force de Pathfinder, c’est la vaste possibilité de customisation de son personnage. Rien qu’au niveau 1, c’est déjà la foire aux choix. Il y a les informations habituelles qu’on retrouve dans quasi tous les JDR du marché, bien sûr : le nom, le genre etc., mais après vient la partie liée au gameplay.

Tout d’abord, il y a l’ascendance (« ancestry ») de votre personnage (race dirait-on habituellement). On a donc les grands classiques : humain, nain, elfe… et d’autres plus surprenant, comme le gobelin. Ce premier choix va affecter les statistiques puis vient celui de l’héritage s’il y en a au sein de cette ascendance.

Ensuite vient le choix du background. C’est-à-dire le passé du personnage, d’où il vient, comment a-t-il vécu jusqu’ici. Alors, c’est une décision qui a autant d’importance de gameplay que de roleplay dans Pathfinder au lieu d’être une poignée de bonus négligeable. DnD a d’ailleurs pris des leçons pour la version mise à jour de son livret de règle pour 2024.

La prochaine variable est déterminée est celle de la classe. Encore une fois, ce sont des valeurs sûres : bardes, barbares, guerriers, druides… ainsi que le nouveau venu, l’alchimiste. Au total, ce sont plus d’une dizaine de carrières différentes dans lesquelles vos personnages pourront commencer avec leurs spécialités.

De nouvelles mises à jour continuent d’épaissir ce catalogue avec leurs mécaniques inédites. Cependant, ils veulent rester compatibles avec les options existantes sans non plus les occulter totalement.    

Jusque là, il s’agit d’un territoire connu, mais c’est ici que ça devient intéressant (ou que ça se corse selon votre opinion). En plus de tout cela, tous ces choix faits jusqu’ici vont modifier les statistiques de départ des personnages en plus du gros, du lourd de Pathfinder : les dons (feats).

La paralysie du choix

Si dans DnD 5E, c’est une règle optionnelle, ici elle est aussi importante que l’augmentation de statistiques qui vient à chaque niveau. Chaque niveau correspond encore à des choix de dons liés à la race, l’ascendance, les compétences… Ce système fait que chaque personnage de Pathfinder est tout à fait unique dès le niveau 1. Chaque montée de puissance vient avec ses ramifications.

Ceci se retrouve aussi dans les combats. Pathfinder 2E adopte un système à lui où chaque joueur dispose de 3 actions à répartir entre les attaques, les mouvements, etc. chaque tour. Ce qui donne d’autant plus de choix aux joueurs sur l’enchaînement de leurs actions. Peut-être un peu lourd, mais c’est le prix de la liberté.

Et là, ce système divise. D’un extrême à l’autre, on a ceux qui ne jurent que par ce système très riche en décisions. De l’autre, il y a ceux qui en préfèrent un plus rapide ou plus simple à prendre en main. Mais c’est toutefois pour cela qu’il se démarque de DnD 5e.Venir chez Pathfinder en espérant trouver un clone de ce dernier, c’est peut-être desservir le jeu de Paizo.

Pathfinder V2,  c’est un JDR qui s’apprend patiemment, mais dont la richesse ne peut que séduire quand on aime expérimenter et diversifier… Il ne convient pas si on veut un jeu (sur ?) simplifié où les décisions doivent reposer sur l’arbitrage du meneur. En gros, on peut s’y attacher finalement à ce côté simulation, mais c’est probablement un jeu plus destiné à un public passionné.

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