En plus d’un MMO, World of Warcraft avait un JDR. Presque aussi vieux que son homologue virtuel, il a depuis disparu.
Auprès du grand public, certains titres représentent la face de certains hobbys de niche. Il s’agit de ces titres cités ici et là dans la culture populaire, dans les séries comme Big Bang Theory. Ainsi, si Donjons & Dragons est le visage des TTRPG, World of Warcraft est celui des jeux de rôle en ligne massivement multijoueurs (MMORPG).
La montée et la chute de Warcraft en TTRPG
D’une extension de DnD 3e…
La distance entre les deux n’a pas toujours été si grande. En effet, durant la deuxième moitié des années 90 et au début des années 2000, les TTRPG étaient en crise. En comparaison, les activités ludiques virtuelles gagnaient en popularité. Et le développement de la technologie Internet voyait la mise en place de ce qui allait devenir les MMO. C’est ainsi qu’on voyait des expériences comme le JDR World of Warcraft.
D’abord nommé Warcraft ou Warcraft D20, il était une production de Sword & Sorcery Studios. Et lui-même constituait une branche de White Wolf, la compagnie derrière le Monde des Ténèbres. Créé en 2000, S&S gérait les aventures en dehors de la méga gamme phare de l’éditeur.
Bien que White Wolf possède son système iconique, Storyteller, ils vont plutôt employer celui de la 3e de DnD, le D20. Un choix populaire, mais aussi peut-être plus approprié pour adapter World of Warcraft en JDR. Et pour cause, à partir de cette première sortie chez Wizards, le TTRPG adopte des éléments mécaniques plus proches des MMO que de ADnD.
Warcraft sort donc en 2003. Il était basé sur le populaire Warcraft III, ce RTS de Blizzard qui a donné naissance à DotA. Tournant sous le système D20, il nécessitait le livret de base de celui-ci. Une situation similaire à beaucoup de jeux similaires suivant la stratégie de WotC à l’époque.
On pouvait donc plutôt parler d’un cadre de campagne que d’un jeu. Et cela malgré la quantité de modifications nécessaire pour une telle adaptation. D’abord un bestiaire, puis un livret de base, au final, Sword & Sorcery Studios ont sorti une poignée d’ouvrages au cours des années 2003 et 2004.
… à un JDR World of Warcraft à part entière
Warcraft D20 proposait donc de découvrir le monde d’Azeroth avec un continent, Kalimdor, les deux factions avec leurs races et leurs classes respectives, ainsi que des sorts tout droit sortis du canon des jeux vidéo.
La deuxième édition de ce JDR prend le nom de World of Warcraft, comme le MMO. Sortie en 2005, quelques mois après le lancement du jeu en ligne, elle s’inscrit directement dans la continuité de l’extension Frozen Throne. Bien qu’elle utilise toujours le système D20 de DnD, cette édition se différencie malgré tout de son prédécesseur par d’autres points.
Le changement le plus notable, on note que le TTRPG World of Warcraft utilise l’OGL. Et avec l’adoption de cette licence libre, S & S fait de cet ouvrage un titre à part qui ne nécessitait plus le livre de base de DnD 3.5e pour fonctionner.
De plus, il introduit aussi du contenu additionnel tiré du jeu en ligne et des ses add-on. Ainsi, d’un continent, on passe aux deux présents dans le MMO. Et les joueurs ont aussi le choix d’incarner de nouvelles races comme les gobelins.
Enfin, il conserve les factions. Les rôlistes pouvaient toujours choisir leur appartenance à la Horde ou à l’Alliance. Chaque faction a eu droit à son ouvrage. Plus tard, un autre livret introduisait d’autres allégeances possibles. Au total, la gamme a connu une douzaine d’extensions jusqu’à sa fin.
Malheureusement, elle s’arrête quelques années à peine après son lancement. Entre les déboires financiers de White Wolf qui ferme Sword & Sorcery, le passage à la 4e édition de DnD qui marque l’abandon brusque du système D20, Blizzard qui favorisait les MMO, la licence prend fin et le JDR World of Warcraft disparaît des rayons.
20 ans de World of Warcraft en JDR ?
Tout du moins, du côté officiel. En effet, il semblerait que le jeu ait continué d’avoir une communauté bien vivante. Ainsi, d’une manière ou d’une autre, ils ont maintenu le titre en vie. Au point que les intéressés peuvent encore en trouver des servers et des actual play près de 20 ans plus tard. En dehors de ces créations licenciées, ils ont aussi réfléchi et partagé sur l’adaptation de WoW en TTRPG.
Déplorant le fait que le titan du JDR, DnD 5e, et des MMO, World of Warcraft, n’ont toujours pas collaboré, ils ont pris les choses en main. En une décennie, ils ont produit une poignée de conversions et sur lesquelless les créateurs travaillent parfois encore. Par exemple, Warcraft 5e Warcraft Heroes Handbookou encore Champions of Azeroth sont disponibles gratuitement à travers le Web.
Ils ont tous leurs particularités. Champions of Azeroth, par exemple, pioche dans le catalogue des extensions officielles de DnD 5e. Ainsi ancré dans les bases solides de ce jeu, il peut se concentrer sur les autres aspects. On trouve un meilleur équilibrage entre les PJ ou une fidélité au monde de WoW.
En dehors de la 5e édition de Donjons & Dragons, on trouve aussi des tentatives de World of Warcaft pour d’autres systèmes de JDR. Citons notamment deux. D’une part, la seconde édition de Pathfinder, un jeu déjà connu pour son ancrage dans l’héritage de la 3.5e de DnD et d’autre part, la 4e édition de Donjons & Dragons, celle qui aurait le plus de ressemble à un MMO.
Une chance au-delà du homebrew
Avec une telle passion du côté des fans, je n’éliminerai pas totalement les chances d’un retour d’un JDR WoW. Le jeu de rôle en ligne fête cette année son 20e anniversaire jusqu’au milieu de 2025, juste à temps pour celui de la deuxième édition du TTRPG. Et avec le succès des campagnes comme celle de DC Heroes ou TMNT, Blizzard pourrait y voir une opportunité de ressortir les ouvrages originaux, voire de ressusciter la gamme.