Warhammer fait partie des titans modernes de la fantasy. Cette franchise avec près de quatre décennies d’histoire se retrouve dans une variété de médias.
Depuis le siècle dernier, des grands noms sont apparus dans la culture populaire. Certains ont survécu, voire dépassé leurs auteurs. Ainsi, l’incontournable Seigneur des Anneaux de Tolkien, l’horrible Mythe de Cthulhu de Lovecraft, ou encore le fantastique Donjons et Dragons de Gary Gygax continuent de s’étendre au-delà de ce que leurs créateurs ont fondé.
Warhammer, le coup de génie de Games Workshop
Bien que plus jeune que ses prédécesseurs, le monde (ou plutôt devrait-on parler de licence ?) de Warhammer est sur leur voie. Il s’agit d’une création, d’abord de fantaisie de la firme Games Workshop depuis les années 1980 avant de s’étendre à de la science-fiction.
GW, pour faire court, est une entreprise britannique qui a ouvert ses bureaux en 1975 pour vendre des jeux en bois. Avec l’explosion de TSR et de DnD, les petits vendeurs trouvent leur premier gisement et les évènements s’accélèrent. Ils importent le JDR dans l’île et peuvent même ouvrir une boutique en 78 où ils se font une spécialisation : les minis ou figurines.
Ce sont ces dernières qui vont constituer le cœur du nouveau fusil d’épaule de Games Workshop : Warhammer. En effet, en 1983, ils créent un nouveau jeu de figurines. Il s’inspire du wargame, du jdr et des œuvres de Tolkien et porte pour nom « Warhammer le jeu des batailles fantastiques ».
Le principe de ce jeu : une évolution du wargame
La référence en terme de wargame
De nos jours, le nom de Warhammer est quasi-synonyme avec celui de wargame. La gamme de GW occupe pratiquement tout le marché de ce hobby, au grand damne d’autres titres comme Battletech ou les nombreux jeux historiques d’Osprey Games.
L’un des attraits du jeu, justement, c’est de pouvoir créer sa propre armée. Ainsi, le joueur va sélectionner une combinaison de troupes, les personnaliser et ensuite les faire combattre celles de ses amies au cours de batailles stratégiques. Il s’agit d’un investissement de temps, de places et de ressources conséquent, mais qui est tout aussi satisfaisant. Alors…
Rassemblez vos troupes…
Cela commence par le choix d’une faction présente dans le monde. Ceci implique, en gros, des classiques de la fantasy comme les humains, les gobelins, ou encore les morts vivants,… Mais aussi, des inventions uniques, voire iconiques de cet univers à l’instar des Skavens, les hommes-rats.
Après quoi, il faut assembler le matériel nécessaire. D’abord une règle graduée et des feuilles. Comme en jdr, il faut un ou plusieurs livres de règles qui dépendent des éditions du jeu, chaque gamme en dispose d’environ une poignée. De même, il faut des d6. De plus, les armées ont aussi leurs propres ouvrages qui expliquent leurs histoires, listent leurs troupes et, surtout, les figurines correspondantes avec leurs règles spécifiques.
Celles-ci constituent le cœur et l’âme de ce passe-temps. En effet, il s’agit non seulement d’un jeu compétitif, mais à l’instar des TCG, d’une activité de collectionneur. Les figurines de Warhammer viennent en boîte, mais il appartient à chacun de les monter et surtout, de les peindre, comme en wargames. Ici, cependant, certaines unités sont des héros, aux capacités hors du commun.
Bien que certains apprécient surtout cet aspect du jeu, d’autres ne l’aiment pas tellement. Il faut dire qu’entre le temps et le talent, la peinture de minis ne peut pas être à la portée de tout le monde.
L’alternatif, c’est d’acheter des figurines prépeintes. En magasin ou en ligne en fonction de la qualité, cela peut coûter dans les centaines ou milliers d’euros. D’autant plus que les boutiques et la communauté ne voient pas toujours d’un bon œil l’utilisation de figurines imprimées par des tiers.
En conséquence, se lancer dans Warhammer, c’est l’équivalent d’être prêt à investir dans une activité qui peut être coûteuse et qui est sûrement chronophage et encombrante. Après l’acquisition, le montage et la peinture des minis vient le jeu en lui-même. Pour cela, il faut une grande surface plane, par exemple, une table. Elle va servir de champ de bataille pour la partie à venir.
… Et combattez !
Les profondeurs des règles de jeu font qu’une session peut durer de quelques heures à plusieurs jours répartis en sessions. Chaque participant joue chacun son tour au cours duquel il manipule son armée. Cela inclut des actions comme déplacer ses troupes, utiliser les sorts, attaquer les ennemis… Tout un panel de décisions stratégiques qui détermine le gagnant à la fin, en général suivant un système de points. Les règles ont changé au fil des éditions.
Cependant, certaines parties peuvent être narratives. En général, elles consistent alors à rejouer des batailles canon (officielles à l’histoire) du monde de Warhammer. Car oui, il existe une histoire complète et complexe, enrichie à la sortie de chaque figurine, chaque armée et chaque livre dans les gammes de la licence.
Les différentes gammes de Warhammer
Ainsi, si la première de ces propriétés, c’était le monde de dark fantasy de « Warhammer le jeu des batailles fantastiques », il a rapidement exploré de nouveaux horizons. D’ailleurs, cette continuité a connu sa fin avec un évènement apocalyptique appelé la Fin des Temps au milieu de la décennie 2010. Sa succession a été prise par une nouvelle gamme depuis : Age of Sigmar.
Warhammer Age of Sigmar est une remise à zéro du monde. Avec cette réinitialisation des compteurs, GW peut moderniser le monde et les règles du jeu. En conséquence, on assiste ici à une simplification (mais pas appauvrissement) des systèmes et de l’histoire. Les factions et les modes de jeu sont remis au goût du jour.
L’autre gamme principale et probablement aussi, sinon plus connue, c’est celle de Warhammer 40 000. La communauté l’appelle aussi Warhammer 40 K. Il reprend en partie l’univers de son confrère médiéval, mais avance la chronologie de plusieurs millénaires. En conséquence, l’action de cette version se passe dans un monde de sci-fi post-apocalyptique.
Cette licence a pour mascotte iconique le Space Marine, un soldat surhumain à l’armure imposante qui sert l’Imperium. Cette force dirigée par l’Empereur de l’humanité lutte pour la conquête de l’univers contre les autres espèces. Cependant, l’Imperium n’a rien d’un futur idéal où tous les hommes sont citoyens d’un même monde. À vrai dire, c’est un régime totalitaire, militariste et théocratique avec une hiérarchie, un idéal et une histoire.
Une franchise présente dans de multiples médias
Bien que le monde dur de Warhammer (fantasy comme 40 K) ne soit pas nécessairement du goût de tous, il convient pour diverses formes de narrations. C’est ainsi que l’on retrouve d’autres produits hormis les jeux de bataille qui explorent cet univers.
Les jeux vidéo comptent beaucoup de titres qui adaptent les gammes de la licence. Les Total War, mélangeant en quelque sorte le gameplay vidéoludique avec celui des wargames fait figure de référence du genre, en plus des jeux Space Marines. Plus récemment, c’est Rogue Trader qui a marqué la scène des RPG. Enfin, on peut aussi mentionner Bloodbowl, un mélange entre la brutalité de la gamme avec le football américain.
La brutalité, c’est aussi ce qui fait la réputation des jeux de rôle autour de Warhammer. Pour certains rôlistes d’ailleurs, Warhammer Fantasy continue d’être l’un, sinon le JDR le plus létal à ce jour. Et pour cause, la manière dont les dégâts sont comptés peut laisser les PJ avec des séquelles définitives, une manière d’inciter les joueurs à les remplacer par d’autres. Son confrère 40K a aussi son adaptation, ainsi que sa commu de rôlistes.
Enfin, des auteurs explorent les histoires de cet univers au moyen de romans et de nouvelles. À ce jour, des centaines de titres sont sortis, aussi bien pour fantasy que 40K. Une pratique qui se retrouve déjà chez Donjons & Dragons, Cyberpunk ou Shadowrun.
La communauté internationale de Warhammer
Cette variété reflète aussi l’activité de la communauté de Warhammer. Et heureusement ! Du fait de sa richesse et de son amplitude, il n’est, en effet, pas forcément évident de trouver un point d’entrée pour les néophytes dans cette activité de niche.
Approcher une des nombreuses boutiques officielles de Games Workshop constitue une bonne démarche pour découvrir le jeu. Les employés font de bons mentors/premiers adversaires pour les baptêmes de feu.
Pour les débutants, GW propose des starters packs. Il s’agit de boîtes de quelques dizaines d’euros avec l’essentiel pour découvrir la construction d’une armée et comprendre les règles. L’une de celles-ci, par exemple, pour WH40K contient une vingtaine de figurines pour deux petites armées, une carte pour un champ bataille, de dés et un livret de règles pour une trentaine d’euros.
À partir de là, chacun peut se tourner vers les autres armées disponibles pour choisir celle(s) qu’il veut assembler. Les boutiques disposent aussi, en général d’un espace pour apprendre à monter et peindre les troupes. Ainsi, si celles du starter packs se montent facilement, ceux plus complexes requièrent des outils comme de la colle, des pinces….
Pour plus d’informations, YouTube regorge de vidéos faites par des membres de cette communauté. Ces Actual Play sont un bon moyen pour découvrir les règles du jeu ou apprendre à utiliser les outils pour peindre les miniatures. Pour les curieux, ils constituent une occasion d’admirer le travail des artistes.
Certaines personnes vont aussi plus loin. Plutôt que de préparer des miniatures, ils préparent des costumes à taille réelle ! Les cosplay entenue de Spaces Marines font partie des plus impressionnants à admirer de part leur stature massive. Une statue de l’un de ceux-ci trône aussi au Warhammer World.
Pour finir, parlons de ce lieu de pèlerinage pour les fans qu’est Warhammer World. Situé dans le siège de GW, à Nottingham, il s’agit d’un lieu de rendez-vous dédié à la franchise. En plus des boutiques, de l’atelier et des tables de jeu, cet établissement propose aussi un musée retraçant son histoire… Ainsi qu’un restaurant.
Warhammer, c’est tout un monde. Riche et complet, proposant plus qu’un hobby à ceux qui veulent prendre le temps de s’y intéresser.