Vileborn est un projet de RPG italien en financement sur Kickstarter. Il vise à retranscrire un genre littéraire particulier : le nobledark.
Dans l’exploration des expériences possibles à transmettre à travers les jeux de rôle, les créateurs s’attaquent à différents genres narratifs. Ainsi, on se retrouve devant des jeux qui simulent les codes d’un genre, plutôt que de tenter de simuler la vie de leur avatar.
Le viledark, l’esprit de Vileborn
Cette fois, on a Vileborn, un RPG créé par les auteurs de Not The End. Un jeu narratif et sans dés qui avait eu de multiples nominations aux ENNIES, il aurait peut-être pu repartir avec de nombreuses récompenses sans le raz de marée Shadowdark. Ceci suppose néanmoins que ce nouveau titre est l’œuvre de créateurs expérimentés et talentueux.
Pour comprendre Vileborn, il faut déjà s’intéresser à son accroche : il se réclame un jeu nobledark. Ce dernier est à la fois un genre et un cliché qui utilise son cadre sombre, grimdark, pour véhiculer un message d’espoir à travers la petite lueur que représente le protagoniste. Il s’agit des jeunes héros que sont les PJ.
Egras, le cadre du RPG Vileborn
Le monde du RPG Vileborn s’appelle Egras, un empire qui a subi un grand malheur cinq ans auparavant. En effet, depuis cet événement, les Ténèbres recouvrent totalement le ciel et en plus des conséquences écologiques comme la faim et le froid, elles ont conduit à l’apparition des Reviled. Ces créatures de la nuit (loup-garou, vampires…) menacent une humanité déjà affaiblie.
Face à ce danger, l’Impératrice d’Egras veut de nouvelles armes : les Vileborn. Mi-humains, mi-Reviled, ils étaient jusqu’alors persécutés par les Institutions en place. À présent, l’Empire les recrute dans l’Ordre du Crépuscule, un groupe dédié à la protection d’Egras.
Ainsi, les PJ figurent parmi les premiers Vileborn à rejoindre cet Ordre et cet RPG suit leur histoire. La métaphore est très clairement celle du coming of age, du jeune adulte qui cherche sa place dans ce monde. En quelque sorte, on y retrouve un peu de la philosophie des jeux comme Monsterheart. Cette ressemblance se trouve dans la structure et aussi les mécaniques.
Les PJ : le cœur de la narration…
Un personnage de Vileborn commence avec deux caractéristiques, le background et le dark heritage. Si le premier comprend son histoire et explique sa psychologie et ses connaissances, le second désigne la créature dont il a une partie des compétences et ses envies les plus sombres. 4 figurent présents dans le kickstarter pour un total de 7 prévus dans le produit final.
Tous ces éléments entrent en jeu dans la fiche personnage du RPG Vileborn. Elle comprend 6 approches, à chacune une taille de dé (d6 à d10) est assignée, le perso a aussi ses traits de personnalité et ses entraînements venus de son background. Ce dernier lui offre aussi certaines compétences et ressources utilisables en cours de partie.
En bas de la fiche, le joueur trouve le Dark Heritage de son PJ. Il comprend ses dons et ses pouvoirs avec leurs contrecoups. Le nombre d’utilisations de ceux-ci reste limité. Ainsi, ils nécessitent que le Vileborn obéisse à ses désirs afin de pouvoir en retrouver l’usage. Il y a donc un jeu d’équilibriste à faire du côté du joueur et qui conduit aussi à de la tension à chaque fois que les Vileborn font appel à leurs dons.
Et des mécaniques du RPG Vileborn
Le système de Vileborn est en quelque sorte un cousin éloigné de Fate Core, quoiqu’il me rappelle surtout Freeform, celui du RPG Tomorrow City. Un système avec un dice pool généré par les caractéristiques du PJ qui entrent en jeu dans la narration. Seuls les joueurs font des jets.
La mécanique est très simple. En effet, lorsqu’un jet est nécessaire, le meneur (l’Obscurité) détermine le niveau de difficulté (de 4 à 7). Puis le joueur va choisir une approche pour savoir quel dé jeter. Si possible, il applique un trait de personnalité ou un entraînement approprié qui rajoute respectivement un dé. Ainsi, il jettera entre 1 et 3 dés et garde le résultat le plus élevé. Si ce nombre dépasse le niveau de difficulté, c’est un succès.
Des modificateurs peuvent influencer ce test, mais un en particulier est unique à Vileborn. Il s’agit du Dark Heritage. Lorsque les conditions sont remplies (comme lorsque le PJ a utilisé ses pouvoirs), le MJ jette en plus un d12 qui peut générer une complication. Ce jet est indépendant du résultat du joueur.
Un jeu de niche ?
Comme pour beaucoup de RPG du même genre donc, Vileborn nécessite tout de même une certaine expérience de la part du meneur. Et pour cause, il devra savoir jongler avec des résultats qui peuvent présenter des nuances. Entre la réussite, l’échec et les complications, le jeu fait appel à son aptitude à improviser tout en restant cohérent.
La structure en trois actes de la partie, inspirée du roman, le démarque aussi de l’expérience « traditionnelle » des JDR. Si on a l’habitude de jeux à horloge ou bien de titres comme Dracurouge ou Shinobigami, ce n’est pas nouveau. Sinon, elle nécessite un temps d’adaptation pour comprendre pourquoi il fonctionne ainsi et comment en tirer profit.
Heureusement, le Kickstarter propose un quickstart très complet en 93 pages. Il s’acquitte bien de la tâche d’introduire Vileborn et d’expliquer en quoi il est un RPG, ainsi que son fonctionnement.
Cet extrait comprend d’ailleurs une aventure complète, Lux Umbrae, de 65 pages. Il s’agit d’un scénario introduction de quelques chapitres qui suit une poignée de Vileborn dans leur recrutement auprès de l’Ordre, puis leur entraînement et jusqu’à leur première mission. Au total, ceci représente 7 chapitres.
Lux Umbrae se joue avec 4 personnages prétirés. Ils présentent différents exemples de Vileborn avec leurs dark urges respectives. À travers le scénario, les créateurs donnent aussi des exemples de différentes situations qui peuvent arriver en jeu. Cependant, ils gardent tout de même quelques secrets pour l’ouvrage final, comme le système de progression, par exemple.
Il reste deux semaines de financement pour les versions anglaises et italiennes de Vileborn. La livraison des manuels du RPG est prévue pour novembre 2025. Avec un certain succès, peut-être que le jeu aura droit à sa version française.