Tomorrow City est le dernier jeu en date de l’éditeur Osprey Games. Il fait des joueurs les protagonistes dans un univers inhabituel pour le JDR.
Les potentiels des jeux de rôle n’a de limite que l’imagination des participants. Ainsi, en bientôt un demi-siècle de hobby, on a vu l’apparition d’autres genres hormis la fantasy médiévale. Certaines niches demeurent toutefois peu explorées.
Un duo gagnant
Osprey Games, qui fait partie de Bloomsbury Publiching plc, la maison d’édition de la saga Harry Potter, en a plusieurs à son actif. Ainsi, après le wuxia avec Righteous Blood, Ruthless Blade et bien d’autres, voici Tomorrow City : Dieselpunk Roleplaying.
Ce jeu est l’œuvre de l’auteur australien Nathan Russel. Dans son portfolio, il est notamment le créateur du système générique Freeform Universal ou F.U. qui motorise ses jeux. On le retrouve sous le nom plus commercialisable d’Action Tales dans d’autres JDR chez le même éditeur, à savoir, Neon City Overdrive, Hard City et Star Scoundrels.
Tomorrow City: Dieselpunk Roleplaying, des mécaniques fluides
Mécaniquement donc, Tomorrow City : Dieselpunk Roleplaying reprend des bases identiques à ces jeux. C’est un jeu principalement narratif qui utilise un principe de dice pool avec des dés 6 que les joueurs vont jeter.
Ils se divisent en deux : les dés d’action que les éléments en faveur des joueurs déterminent et les dés de danger sur ceux des forces antagonistes. Les derniers vont éliminer les premiers qui donnent un résultat identique et le dé restant détermine le résultat final. Ainsi, dans un cas avec 2 dés d’action affichant 6 et 5 contre 2 dés de danger affichant 2 et 5, les 5 s’annulent, le résultat final est 6, un succès.
Le meneur ne fait jamais de lancer dans Tomorrow City : Dieselpunk Roleplaying. À la place, ce sont les échecs (3 ou moins) et les réussites mitigés (4 ou 5) des joueurs qui le poussent à déterminer les conséquences sur les actions des PNJ. Cette approche permet au meneur de se concentrer sur la narration et la description.
D’autant plus que ceux-ci prennent ici une place centrale dans le jeu. Celui-ci intègre un système de mots-clés comme on en retrouve dans Fate Core, d’où le besoin d’une description complète et colorée à chaque scène. Les joueurs peuvent aussi contribuer à ce processus par les actions des PJ ou par une ressource meta, le Moxie.
Cette dernière, en plus d’autres du même genre pour les compétences et l’équipement, donne à la fois de la flexibilité et de la profondeur au système de Tomorrow City : Dieselpunk Roleplaying. Le livret de règles a ainsi des suggestions sur différentes situations. Comment employer les règles de base pour du combat, de l’investigation, de courses poursuites… Toutes des situations communes au genre du dieselpunk.
Un guide du dieselpunk
Un genre sous-côté ?
Comme son titre complet l’indique, c’est dans ce type d’univers que se passe l’action tel que le voyait l’auteur. Il s’agit d’un sous-genre de la SF qui trouve ses racines dans le JDR Children of the Sun. Il fait en quelque sorte le pont entre le Steampunk et le Cyberpunk. Ceux-ci sont plus représentés dans le paysage des jeux de rôle actuels.
Le monde Dieselpunk se concentre sur la période d’entre deux guerres. L’optimisme et la vapeur du Steampunk laissent place à une esthétique très années 20 teintée de militarisme. L’art déco est partout et les énergies fossiles font tourner le monde. Bien qu’on y retrouve du rétro futuriste, des écrans et des appareils volants en particulier, on n’est pas à l’âge du numérique.
Le livret de Tomorrow City : Dieselpunk Roleplaying consacre d’ailleurs plusieurs chapitres à son univers et aux sources d’inspiration possibles. Un ajout qui est le bienvenu puisqu’il est moins présent dans la culture populaire en comparaison à d’autres « punk ». En plus de ceux qu’il cite, la musique du groupe français Caravan Palace donne aussi une idée de cette ambiance atypique.
VOTRE ville, Tomorrow City
La ville éponyme est un dédale mécanique dans le style Art déco. Elle connaît une évolution perpétuelle du fait de sa structure particulière et de la présence de Mother, l’automate qui dirige la ville « pour le mieux ». Elle occupe le sommet d’une tour sur la côte ouest des États-Unis, en Californie. Le reste du monde, bien qu’encore présent, est en ruine après la Grande Guerre qui a duré des décennies.
Ce contexte donne toute latitude aux joueurs et aux meneurs de s’approprier cet univers. Des conséquences sociales de ce conflit décennal, en passant par des dérapages scientifiques et jusqu’à des éléments surnaturels par le « Pattern », tout est vague, mais suffisamment précis à la fois. Comme dans Swyvers ou Blades in the Dark, il appartient aux participants de « construire » Tomorrow City au fil des aventures.
Quel avenir pour Tomorrow City?
Cette souplesse ne sera pas de trop pour profiter pleinement de Tomorrow City puisqu’elle permet à tous de modifier la ville et le jeu pour se faire un titre à sa mesure. En effet, étant un jeu d’Osprey Games, il demeure peu probable qu’il n’ait jamais droit à une quelconque extension officielle.
D’autant plus que son genre est unique, le dieselpunk n’a pas la même popularité que le cyberpunk! Ainsi, la demande restera finalement assez limitée par rapport aux titres auxquels le public est habitué.
Ceux qui achètent le jeu doivent plutôt songer à se l’approprier et l’utiliser plus comme un guide que comme un titre avec un univers défini avec un lore à respecter. Rôle dont le jeu s’acquitte très bien, y compris pour des parties en solitaire. D’autant plus que les références citées par l’auteur font une bonne liste où piocher pour approfondir.
Tout n’est cependant pas perdu pour Tomorrow City. En effet, il a en fait frappé le jury des ENNIES 2024. Le jeu figure donc parmi les nominés pour une catégorie : celle de la meilleure couverture! Une reconnaissance de son esthétique encore bien trop rare dans le monde des JDR. Peut-être que ce quart d’heure de gloire pourrait inciter l’éditeur à proposer un recueil de scénarios? Pour nous, il fait partie de notre top des jeux pour cet été.