Le JDR Thanatos revient avec une nouvelle édition. Les joueurs incarnent des faucheurs au service du dieu de la mort.
Parmi les univers les plus populaires pour servir de cadre aux jeux de rôle, aucun ne surpasse la fantasy et ses multiples facettes. Un genre qui devient un peu plus rare cependant, c’est la dark fantasy.
Le royaume d’Hartdörf : cadre du JDR Thanatos
Un jeu de dark fantasy
Cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas eu de très populaire, comme l’Œil Noir, mais qu’ils sont moins courants que l’epic ou l’heroic fantasy. Le JDR Thanatos jour aussi dans ce type de contexte. Il prend pour cadre le royaume d’Hartdörf dans un monde sur lequel veillent différentes divinités, dont celle de la mort.
Il s’agit du titulaire Thanatos. En tant qu’être divin qui préside sur le cycle de la vie et de la mort, il a pour rôle de s’assurer que toute créature rejoint l’au-delà au terme de son existence mortelle. Ainsi, à travers ses serviteurs, le dieu lutte contre les morts-vivants, les non-morts qui hantent le royaume et menacent les vivants. Ces serviteurs s’appellent les faucheurs, des individus qui ont eu une révélation de l’un des 4 visages du dieu (Bohr, Gull, Satyr et Krag).
Les faucheurs, les PJ dans le JDR Thanatos
Mais le contexte du JDR Thanatos n’est pas si simple. Si sous cet angle les faucheurs devaient être des héros auprès du peuple, c’est en fait tout le contraire. En effet, leur service auprès du dieu fait d’eux des parias puisqu’Hartdörf voit la montée d’une nouvelle religion, celle du Krist-Lion qui a une vision différente du monde et de l’âme humaine. Elle n’admet donc pas l’existence des non-morts et celle du dieu ancien.
En dehors de la chasse aux non-morts, les faucheurs font aussi office de psychopompes. Ainsi, à la demande de leur dieu, ils doivent accompagner certains individus dans leurs derniers instants, en d’autres termes, ils doivent tuer des cibles désignées. Ce meurtre rituel permet aux âmes de rejoindre le dieu sans risquer qu’elles ne deviennent des non-morts. Un meurtre reste toutefois un meurtre et ceci explique aussi le statut de parias des PJ.
Pour le guider dans cette tâche, le faucheur dispose d’un familier, l’animalia. Ce dernier accompagne le serviteur du dieu, lui transmet ses ordres, le protège, voire le guide au dieu en cas de décès, mais il s’assure aussi qu’il ne transgresse pas les règles. Un manquement continu aux règles résulte par la Justice de Thanatos, une pénitence dont le faucheur doit s’acquitter.
Au-delà du lore, le jeu de rôle
Il ne s’agit là que d’un extrait du lore. Mais il montre que Thanatos a des bases solides pour faire un JDR sombre et dramatique. Son cadre et ses illustrations me rappellent personnellement un mélange entre Berserk de feu Kentaro Miura pour le style graphique, le TTRPG Memento Mori de Two Little Mice pour le cadre et les duologies vidéoludiques Blasphemous ou Fear and Hunger pour la place de la religion en Hartdörf. En bref, il s’agit du genre d’univers qui me parle directement.
Un bac à sable
Ce pavé de lore a son importance pour Thanatos puisque le JDR se joue ensuite en bac à sable. L’ouvrage plante ce décor massif, un atlas à l’appui, avec quelques pistes (un conflit ici, des rumeurs là,…). Il n’appartient ensuite qu’aux joueurs de déterminer lesquelles les intéressent. Le meneur de son côté est libre de les développer à sa guise.
Afin d’aider les néophytes, cette version du jeu se dote d’une campagne, La Terre du Cœur. Elle invite à voyager à travers Hartdörf et à découvrir les dynamiques qui se jouent entre différentes puissances, notamment les riches et les groupes de faucheurs.
L’écran de MJ du JDR Thanatos présente aussi un livret très pratique, Les Terrains de Chasse. Il explique comment mettre en place ce sandbox avec un exemple à l’appui, Lans-Kraug, un domaine forestier. Entre ce jeu et le nouveau guide de DnD 2024, j’espère que les ouvrages de jeu de rôle vont standardiser cette approche quand il s’agira de s’adresser aux maîtres de jeu.
Les mécaniques du JDR Thanatos : des dés et des cartes
Mécaniquement, Thanatos fonctionne généralement avec une combinaison de dés et de cartes. Le seul polyèdre qui importe ici est le dé 10, un par joueur. Quand la situation l’exige, le joueur fait un jet de ce dé auquel il ajoute un facteur basé sur la difficulté. Ensuite il compare le résultat avec la compétence qu’il a employée.
Il demeure possible de jouer comme dans l’ancienne version de Thanatos. C’est-à-dire que la table peut se passer des dés pour n’employer que les cartes. L’une des particularités de Thanatos en en tant que JDR, c’est l’emploi qu’il fait de celles-ci.
On les appelle les Oracles d’Hartdörf. Après avoir fait son jet, le joueur tire une carte de ce paquet (remplaçable par n’importe quel deck de 53 cartes). Ce tirage peut modifier le jet ou la narration, en particulier si le joueur tire une figure.
En effet, si cette carte est une dame, un valet ou un roi, il s’agit d’une fatalité. Un atout que le joueur peut utiliser, garder ou ignorer, mais si le PJ l’utilise alors Thanatos va réclamer une âme et le faucheur devra jouer son rôle de psychopompes décrit plus haut. J’y vois déjà beaucoup d’opportunités pour développer le monde et les PJ.
Les potentiels de la campagne de crowdfunding de Thanatos
Au-delà de ces outils pour la création d’un jeu JDR en sandbox, Thanatos propose aussi un autre accessoire : des fiches de fatalités. Ils permettent justement au meneur de suivre ces enjeux importants pour la partie. À partir d’un certain palier, le jeu vient aussi avec une version numérique et un index pour s’y retrouver, ainsi que de multiples améliorations à la qualité de l’ouvrage.
Le financement de ce JDR sur GameOnTableTop par les XII Singes dure encore jusqu’au milieu de ce mois de novembre 2024. En attendant, un actual play avec Maxime Robinet de Globtopus est disponible sur YouTube pour découvrir le jeu. Ce dernier est décidément partout, pour mon plus grand plaisir.