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Les scénarios de braquage, crime et jeu de rôle

Les scénarios de braquage, action et créativité

Les scénarios de braquage ont toujours été populaires en JDR. Ils sont l’occasion de mettre à l’épreuve la créativité des joueurs.

Aux origines des jeux de rôles, les parties proposaient aux rôlistes de parcourir des donjons à la recherche de trésor. Par la suite, elles vont explorer d’autres intrigues souvent inspirées par les références de la fiction. De l’action au mystère, ou encore de l’horreur, les créateurs ne manquent pas d’imagination pour ces adaptations.

Un type de scénario populaire

C’est ainsi que les scénarios de braquage ont trouvé leurs places à la table. Déjà populaires comme l’attestent l’existence de systèmes dédiés tels que Blades in the Dark, ils ont d’autant plus attiré l’attention des rôlistes cette année 2023. Et pour cause, le premier trimestre a vu la sortie du film Donjons & Dragons, L’Honneur des Voleurs.   

Cependant, comme pour tourner un bon film sur le jeu de rôle le plus célèbre du monde, écrire et diriger un scénario dont le cœur est de braquer un lieu n’est pas évident. En effet, il implique une compréhension et une préparation de la part du meneur.

Par exemple, si le but est de s’emparer d’un trésor dans un repaire de bandits, quelle différence existe-t-il entre le dungeon crawl classique et un hold-up ? La réponse à cette question permet de comprendre la particularité des scénarios de braquage. Cette idée vaut non seulement pour les JDR que pour d’autres formes de fiction.

Les donjons VS les scénarios de braquage : le schéma des scénarios de braquage

Un trésor dans une forteresse, la base de l’aventure

La comparaison entre l’exploration de donjons ainsi que ce type de scénario révèle donc qu’ils ont des éléments en commun. D’abord, il y a bien sûr l’existence du trésor. Ce terme prend un sens plus générique dans le cas du braquage que dans celui du dungeon crawl. Ainsi, plutôt que des objets de valeur, il peut s’agir d’une personne importante ou bien encore un document compromettant.

Les joueurs doivent toujours suivre un schéma précis pour ces scénarios de braquage. Premièrement, ils doivent le trouver et le récupérer dans le lieu, généralement bien gardé, où il se trouve. Deuxièmement, les PJ doivent s’échapper de cet endroit et, finalement, ils doivent le livrer à un commanditaire.   

Le dragon, une icône des braquages

Hormis cet objet précieux qui justifie que les personnages joueurs vont collaborer pour le trouver et l’espace dont ils doivent s’évader, ils partagent un autre point commun. Il s’agit des ennemis omniprésents dans les jeux de rôle. Ces puissances antagonistes font figure d’obstacle contre les projets des aventuriers.

Toutefois, ils peuvent avoir un caractère singulier dans le cas des scénarios de braquage. En effet, ils peuvent être un dragon, pas littéralement, au sens de la créature mythique. Dans ceux-ci, ils sont un gardien qui semble insurmontable pour les PJ s’ils devaient commettre l’erreur d’attirer son attention. Il peut littéralement être un lézard géant cracheur de feu qu’une unité de police.

La surpuissance supposée de cet être a pour but d’inciter une approche singulière chez les joueurs. En effet, puisqu’il est pré établi que cet obstacle est bien trop puissant pour que les joueurs puissent en venir à bout, en particulier par la violence, alors ils vont devoir opter pour une autre solution.

Le braquage furtif : de la préparation à la livraison

C’est ce qu’on appelle les scénarios de braquage furtifs. Il s’agit du type d’intrigue auquel on pense généralement quand on parle de ces histoires. Les nouvelles de Maurice Leblanc pour le personnage d’Arsène Lupin en sont l’exemple type : ils impliquent d’employer l’astuce et la subtilité au lieu de la force brute grâce à de nombreuses préparations et un peu de chance.

La planification du meneur et des joueurs

La préparation constitue la première phase de ce genre de module dans le cas des jeux de rôle. Il existe différentes méthodes afin de faire jouer ce chapitre durant la partie, mais l’essentiel est que les PJ aient les informations nécessaires afin de planifier leur aventure. Ceci dans un délai précis qui fait la différence avec la longue exploration quasi libre des expéditions dans les donjons.

En usant de leurs aptitudes sociales, magiques, technologiques… les PJ vont rassembler des indices. Le meneur doit d’ailleurs s’assurer que l’un de ceux-ci ne vienne pas rendre triviale la mission de l’équipe. Placer des barrières contre la téléportation si celle-ci existe dans le monde du jeu ou isoler les ordinateurs de la forteresse du réseau Internet est le strict minimum.

 À l’instar des scénarios d’enquête, les braquages doivent jouer à la fois sur l’histoire et sur la crédibilité, et favoriser le premier plus que le dernier. C’est-à-dire que les circonstances et les réactions des PNJ doivent aider les joueurs. Parce qu’ils ont suivi un garde, celui-ci va négligemment mentionner les problèmes du souterrain à son collègue… En d’autres termes, les indices récompensent l’implication des joueurs dans l’intrigue.

Un exemple d’information quasi essentielle dans les œuvres de fiction de ce genre est la carte du lieu. En connaissant au préalable la disposition spatiale du lieu du braquage, les joueurs peuvent déterminer comment ils vont appliquer leurs différents talents pour atteindre leur but.

Certains meneurs vont plus loin : ils laissent cette étape se faire sans sa présence pour que les joueurs puissent le surprendre pendant la partie. Alternativement, d’autres choisissent plutôt de rester afin de pouvoir répondre aux doutes des participants. Cette méthode assure aussi que le meneur puisse mieux équilibrer la suite des évènements.

« Aucun plan ne résiste au contact de l’ennemi »

Durant le braquage, est-ce que le meneur doit interférer ou non avec les différents scénarios possibles ? Il n’existe pas de réponse définitive. Car en fait, c’est un travail d’équilibriste qu’il doit faire au cours de la partie : il doit à la fois laisser le plan se dérouler pour satisfaire les participants et intervenir pour les mettre à l’épreuve.

Pour illustrer ce propos, si les PJ avaient établi qu’aucune troupe de gardes ne devait surveiller les égouts, alors le meneur peut les surprendre avec un plombier de passage. Ces interférences ne doivent pas risquer de totalement annuler les plans des joueurs, mais les inciter à prendre des risques et improviser.   

Cette approche vise à garder de la tension dans les scénarios de braquage puisqu’un plan qui se déroule à la perfection, bien que satisfaisant, n’est pas bien passionnant. Si le meneur en décide autrement, il peut aussi faire venir la tension durant l’étape suivante. Il s’agit de la fuite.

Durant cette phase de jeu, les PJ, sont pourchassés par le dragon ou par la menace qu’il a éveillée. Elle constitue le meilleur prétexte pour une scène de course-poursuite. Celle-ci est un épisode dynamique très différent de ce dont les joueurs ont peut-être l’habitude puisqu’il implique que le mouvement est au cœur du jeu.

D’ailleurs, cette étape est parfois le centre du braquage de certains scénarios de jeux de rôle. Cyberpunk 2020 offre une histoire de ce genre appelée Open Highway. La prise de possession du trésor est quasiment anecdotique en comparaison à la longue course poursuite jusqu’à la frontière où le commanditaire attend les PJ.

La livraison, un dernier climax pour les scénarios de braquage

Cette dernière étape peut aussi être l’occasion d’un dernier retournement de situation. En effet, ce personnage a la capacité d’interférer avec l’équipe. Deux exemples de manière sont-il peut procéder : d’une par en tentant de les doubler suivant la méthode classique de les faire encercler par ses sbires tandis qu’il récupère le trésor.

Il ne s’agit pas d’un twist gratuit de la part du meneur. Il crée ainsi un dernier conflit pour satisfaire une soif de combat que les joueurs n’ont peut-être pas pu assouvir jusque là. En particulier si le plan des PJ a été impeccable et que la tension n’est pas suffisamment montée au cours du braquage.

Une alternative est que le commanditaire fasse cette proposition à un ou plus des personnages contre le reste de son équipe. En fonction du jeu ou de la table, celui-ci peut décider de se retourner contre ses anciens alliés, suivant une scène à rappeler la scène finale du film culte, Le Bon, La Brute et le Truand.

Le raid, l’autre face des scénarios de braquage et l’après

Les westerns permettent de parler de l’autre genre des scénarios de braquage : le raid. En comparaison de son alter ego furtif, il n’implique pas une approche discrète, mais une attaque violemment le lieu où le trésor se trouve. Si cette version ne compte pas immédiatement de dragon afin que les PJ puissent vaincre toutes les oppositions possibles, elle garde le facteur temps des braquages.

Contrairement aux expéditions dans les donjons où les joueurs peuvent se reposer de temps en temps pour récupérer, la durée limitée du hold-up ne leur laisse généralement pas ce genre d’opportunité. Ici, les conflits se succèdent rapidement tandis que le dragon risque d’arriver d’un instant à l’autre. En conséquence, les joueurs doivent se dépêcher de vaincre leur opposition afin de fuir au plus vite.

Mais que faire si le plan échoue ? Entre les planifications qui ne fonctionnent pas comme prévu et les jets malheureux, les gardes ou le dragon peuvent venir à bout des aventuriers. Alors, le braquage peut laisser la place à d’autres scénarios, notamment l’évasion de prison. Le braquage peut donc faire partie d’une campagne plus longue au lieu d’être jouer en tant qu’un one shot.               

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