Sandy Petersen est un nom qui peut parler aux rôlistes comme aux gamers. Il fait pratiquement partie de la culture générale ludique.
Quand on évoque la paternité des jeux de rôle, on pense de suite à Gary Gygax, Dave Arneson et TSR. Pourtant, dans le sillage de leur Donjons & Dragons, d’autres compagnies et créateurs sont rentrés dans l’arène dès les années 80.
Une enfance digne d’un protagoniste de Lovecraft
En effet, faisant suite à DnD et son univers de fantasy, on veut repousser les limites du JDR avec d’autres univers. C’est dans ce contexte qu’intervient Sandy Petersen, il lui vient un jour l’idée de créer un TTRPG en se basant cette fois sur les œuvres littéraires d’Howard Phillips Lovecraft. Call of Cthulhu était né et allait marquer le hobby.
Le statut de son créateur en tant que figure emblématique de l’industrie du jeu de rôle, mais aussi du jeu vidéo est indéniable. Né en 1955, Carl Sanford Joslyn Petersen a développé d’abord très tôt deux intérêts, d’abord, l’un pour les dinosaures. Cette passion va l’accompagner tout au long de ses études puisqu’il sort ensuite avec un diplôme de paléontologie de l’université de Californie, Berkeley.
Son autre passion qui va toutefois marquer sa carrière, c’est la lecture. Sandy Petersen est à peine âgé de huit ans quand il trouve une boîte de livres dans la cave. Parmi ces ouvrages qui appartenaient à son père figure L’Horreur de Dunwich et il est conquis ! Il « dévore » tous les récits du maître au fil des années.
Sandy Petersen, figure de proue de Chaosium
La combinaison de cette passion avec le JDR lui permet de rejoindre Chaosium. Là, il a commencé à travailler sur « L’Appel de Cthulhu » qui sort en 1981. Inspiré par les écrits de H.P. Lovecraft, Petersen a créé un jeu de rôle d’horreur cosmique qui a captivé les joueurs du monde entier. Il parvient à dépasser Donjons & Dragons pour certains publics et inspire une nouvelle manière de jouer qui donne une place centrale au scénario du meneur.
Grâce à ce succès, Sandy Petersen devient un personnage central de l’éditeur américain. En conséquence, on le retrouve aussi quasiment sur tous ses projets majeurs. Travaillant en tant qu’éditeur ou développeur, sur d’autres titres populaires entre 1983 et 1988. Une période de sa vie dont il se souvient encore très bien et qui est pourtant porteuse des signes de la chute de l’éditeur.
Malgré leur boom cependant, les JDR connaissent les revers économiques de l’éclatement de la bulle spéculative de la BD à partir du milieu des années 80. Chaosium n’en sort pas indemne et Petersen se lance alors dans une nouvelle voie, celle des jeux vidéo.
Les deux décennies jeux vidéo (1989-2009)
Son expertise en conception de jeux et son talent pour créer des mondes captivants ont été largement reconnus lui permettent de ce trouver un poste chez Microprose. Là, il travaille sur des titres novateurs comme Sid Meier’s Pirate ou Civilization de 1989 à 1992 avant d’être remercié.
Il retrouve un poste chez Id Software l’année suivante et va y rester jusqu’en 1997. Le nom de Sandy Petersen se retrouve dans les crédits des titres novateurs du genre du tir à la première personne. Il a sa contribution derrière les classiques du FPS que sont Doom et Quake.
Plus tard, il va encore contribuer à une autre pierre angulaire des JV en travaillant sur Age of Empires. De ses propres aveux, cette période chez Ensemble Studios est probablement la dernière qu’il passe à travailler sur ce format. Il y reste jusqu’en 2009, année où le studio est fermé après avoir sorti Halo Wars.
Aujourd’hui, il parle ouvertement des problèmes dans les coulisses de ces compagnies, de même pour sa parenthèse en tant qu’enseignant à l’université qui a suivi cette longue aventure vidéoludique. À ces postes hautement salariés, Sandy Petersen préfère finalement la simplicité de travailler sur les jeux de plateau et les jeux de rôle. Passion avec qui il a pu se réconcilier grâce à Kickstarter !
2012 et au-delà, un retour aux sources pour Sandy petersen
En effet, en 2012, une de ses connaissances l’introduit au modèle du financement participatif alors qu’il a une opportunité d’un travail lucratif en Inde. À la place il propose un jeu de plateau sur lequel il a fraîchement commencé à travailler : Cthulhu Wars.
Grâce à l’enthousiasme du public, le tout rassemble 1,4 million $ qui financent non seulement le jeu, mais aussi lancent sa propre maison d’édition, Petersen Games. Cette dernière continue de produire du nouveau contenu pour ce titre en plus de nouvelles gammes de jeux inédits.
Et le JDR dans tout ça ? Bien après le départ de Sandy Petersen, Chaosium s’enfonce dans des problèmes financiers. La goutte de trop arrive en 2013 avec le financement de la 7e édition de l’Appel de Cthulhu. Et dans une manœuvre pour regagner la confiance du public, la firme le reprend avec Greg Stafford, le fondateur originel, en 2015.
Ce dernier n’est plus de ce monde et Petersen ne fait plus partie des têtes pensantes de Chaosium depuis 2019. Néanmoins, son nom continue d’avoir du poids au sein de cette communauté et on continue de voir des livrets signés par lui dans les gammes de Chaosium. Il est vraiment une personnalité incontournable des mythes modernes des Grands Anciens.