in ,

Not The End, un JDR générique narratif et sans dé

Not The End : le JDR où on tire son destin

Not The End a fait parler de lui depuis quelques années. JDR sans dés, il est le premier utilisateur du système HexSys.

Traditionnellement, on associe le jeu de rôle papier avec les dés. Ces polyèdres occupent tellement l’imagerie de ces derniers que l’on les trouve quasiment partout. Plus tard cependant, d’autres systèmes ont commencé à expérimenter à s’en passer avec des cartes ou encore des jetons.

Not The End, une pépite cachée

C’est le cas de Not The End, jeu de l’année italien en 2020. Son financement a conduit à une publication en Anglais en 2021. Son succès était alors relativement modeste. Sur les 10 000 euros qu’il nécessitait, ses contributeurs ont donné 60 896 euros, 6 fois plus que son objectif, mais loin des millions des géants comme DC20 ou le RPG de MCDM. Ainsi, sa reconnaissance a dû attendre un peu.

Le jeu se décrit comme un jeu où des héros risquent tout pour ce qu’ils ont de plus cher. Il s’agit donc ici d’une autre forme d’héroïsme différent de celle que l’on trouve dans les JDR où on vante les actions épiques. Et ceci se reflète dans son système générique, alors inédit, HexSys.

L’ingénieuse souplesse de HexSys

Les mécaniques de HexSys de Not The End en font un jeu narratif. À l’instar de Fate Core ou City of Mist, il repose sur un système de traits. Il s’agit de mots clés qui définissent le personnage et affectent ses chances de réussir ou non ses tests, les probabilités d’avoir des succès ou des complications.

Ces traits se trouvent sur la fiche personnage atypique de ce jeu. Pour commencer à créer son avatar, le joueur commence par le décrire en une ou deux phrases qui vont servir de fondation pour construire le PJ. Ce processus est très simple avec pour structure principale, la ruche de cases hexagonales où les mots sont écrits.

Au début de l’aventure, un personnage de Not The End se constitue d’un Archétype, de 3 Qualités et 4 Compétences. L’Archétype au centre de la ruche constitue la caractéristique principale du PJ, il peut s’agir de sa race ou sa profession, mais c’est le concept qui résume le mieux le personnage dans cet univers.

Les 3 Qualités et les 4 Compétences entourent l’Archétype selon un schéma concentrique. Il s’agit respectivement de comment le personnage est ainsi que de ses spécialisations. Cette organisation n’est pas qu’un choix de style : les Qualités sont liées à l’Archétype et les Compétences découlent de ses Qualités. Ainsi, par exemple, un PJ dont l’Archétype est « Grand Maître Ninja » peut avoir une Qualité « Discipliné » avec les Compétences « Arts Martiaux » et « Médecine ».

Un système de tirage de jetons

Tous ces traits entrent en jeu quand le personnage se retrouve dans une situation à l’issu incertaine. Le joueur va choisir lesquels il va invoquer, ceux qui influencent positivement son action. De son côté, le meneur va déterminer le niveau de difficulté. Cet ensemble va se traduire en un nombre de jetons.

Not The End se joue avec une réserve de jetons bicolores. Une couleur pour les succès et une autre pour les complications : le joueur va piocher dans cette réserve un nombre de jetons de succès égal à celui des Traits qu’il va évoquer et des jetons de complication égaux au niveau de difficulté. Cet ensemble sera mis dans un sac et il tirera au hasard entre 1 et 4 jetons.

Au moins un jeton de succès signifie qu’il aura réussi son action. Chaque jeton de complication résultera en des difficultés additionnelles pour la suite de la scène et chaque jeton de succès supplémentaire pourra apporter des bonus. C’est donc un système de résultats nuancés où l’on n’a pas qu’une issue binaire en « Oui » ou « Non », mais avec des « Et » et des « Mais ».

La dynamique des joueurs et du meneur dans Not The End 

Le joueur a d’ailleurs le plein contrôle sur ces résultats dans Not The End. Comme dans d’autres jeux narratifs comme Moonlight on Roseville Beach par exemple, il lui appartient de décider lesquelles des options négatives découlent de ses complications. Il a aussi la possibilité de faire des coups de poker, risquer de tout perdre pour peut-être mieux réussir.

S’il est peu probable de totalement échouer dans ce système, les péripéties qui accompagnent ces réussites forgent les protagonistes. Ceux-ci vont gagner de nouveaux Traits, des Avantages inédits… au fil de leurs aventures. Ainsi, ils vivent alors naturellement un arc narratif. Le joueur seul aussi décide de quand son PJ va faire face à sa fin.

Le meneur de Not The End a donc plus un rôle créateur du monde. En plus d’incarner les PNJ, il va s’assurer de la cohérence des Traits (voire en suggérer) pour que l’histoire ne se perde pas et ne cause une paralysie de choix auprès des joueurs. Le livret de règle inclut d’ailleurs des exemples d’univers dont il peut s’inspirer.

Ce livret, ainsi que son expansion Not The End – Stories ont marqué le jury des ENNIES 2024. Ils ont droit à plusieurs nominations, dont celui des meilleures règles. En conséquence, on peut espérer de belles perspectives pour l’avenir du jeu : le système HexSys a déjà été hacké pour le JDR Cowboy Bebop.  

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *