L’Ogre Quantique est un concept important dans le monde des JDR. Il constitue cependant le cœur de débats chez les rôlistes.
Au fil de ces 51 ans de jeux de rôle, les rôlistes ont développé toute une science autour de ceux-ci. En particulier, ils mettent un point d’honneur à discuter des bonnes pratiques du meneur et des joueurs… Sans pour autant nécessairement à une réponse universelle !
L’Ogre Quantique, un concept relativement défini dans le JDR
Différences idéologiques, différences de goûts,… Tout autant de variables qui font que chaque table, sinon chaque individu développent une idée différente de la partie idéale et donnent des conseils différents sur ce que les MJ doivent faire. Un constat que l’on peut faire avec l’un des concepts uniques aux JDR : l’Ogre Quantique.
L’Ogre a vu le jour dans les blogs anglophones en 2011. Il servait alors à discuter de l’agentivité des joueurs par rapport aux préparations du MJ. Autrement dit, il s’inscrit dans le débat plus grand entre le « railroad », soit la direction prédéfinie par le meneur, contre la « sandbox », ou bac à sable où les joueurs ont une liberté quasi totale. Et c’est ainsi que l’on en parle encore de nos jours.
Un antisèche pour les MJ
En JDR, l’Ogre Quantique se définit comme une illusion de choix où les décisions des joueurs n’ont en fait pas autant d’impact qu’il n’y paraît au premier regard. Et pour cause, indépendamment de leurs choix, le meneur de jeu va les conduire à un résultat prédéfini. Ceci s’illustre par l’exemple d’un ogre et de deux portes : ayant préparé un combat contre un ogre, le MJ va le placer derrière une porte dans un donjon. Quand les joueurs choisissent d’en emprunter une autre, l’ogre les attendra malgré tout !
Un maître de jeu peut tout à fait avoir ses raisons pour faire cela, notamment l’économie de temps. En effet, les préparations sont chronophages du côté du meneur de jeu, en conséquence, il n’aura pas nécessairement le temps et les moyens pour anticiper toutes les actions des joueurs. Avoir recours à l’ogre permet d’économiser des moyens en faisant moins de préparations.
D’autant plus que le MJ peut être beaucoup plus fier du contenu ou de l’inspiration de celles-ci. Avec un minimum de scénarios alternatifs, il peut améliorer la qualité du peu de scénarios qui seront disponibles aux joueurs. En ce sens, l’Ogre Quantique semble être un outil intelligent pour la pratique du JDR.
« Mort à l’Ogre Quantique dans le JDR » ?
Cependant, certains exposent une antithèse à cela et présentent L’Ogre Quantique comme une pratique toxique qui empoisonne le hobby. L’argument principal contre lui, c’est le fait qu’il rend toute décision, bonne ou mauvaise, conventionnelle ou astucieuse, que prennent les joueurs vains en les obligeant plus ou moins discrètement à suivre une voie prédéfinie.
Si la discussion est aussi maintenant plus présente au sein de la commu des jeux vidéos, dans un monde post Cyberpunk 2077 et Baldur’s Gate 3, elle a toujours été chaude pour le jeu de rôle. Après tout, c’est une activité où la liberté d’action est fondamentale. Un MJ humain évite les restrictions des textes des livres dont vous êtes le héros et de la programmation des JV.
D’autant plus que les JDR proposent des alternatives à L’Ogre Quantique. Les jeux de type hexcrawl, comme récemment l’adaptation de The Walking Dead de Free League, ou les mécaniques Delve d’Ironsworn offrent des moyens d’improviser en plein vol. Un moyen plus pratique que de condamner le MJ à prévoir un événement pour chaque case de la carte.
Un problème d’équilibre
Comme toujours dans le jeu de rôle, la réponse à la question n’est pas si définitive. Si les meneurs ont adopté l’ogre dans leurs petites astuces, c’est parce qu’il a un côté pratique. Il est un moyen de rentabiliser les préparations, le MJ est aussi là pour s’amuser et devoir constamment jeter ses idées en réponse aux décisions chaotiques des joueurs et des caprices des dés peut s’avérer fatigant.
Le tout est alors de ne pas dépasser certaines limites. D’un côté, si le meneur peut garder ses bonnes idées dans une réserve pour les ressortir, il ne peut pas les imposer aux joueurs. De l’autre si les joueurs décident d’ignorer un indice ou une quête, le MJ peut leur tendre une alternative et continuer la partie. Imposer un développement via l’Ogre Quantique, pour peu qu’il soit logique dans le déroulement du JDR et va amener le plaisir de jeu aux participants, figure aussi dans les possibilités.
Personnellement, je préfère garder le dynamisme. Tracer de grandes lignes, préparer quelques grands points et enfin laisser les joueurs les confirmer et les modifier en fonction de leurs choix et de leurs inspirations. Une approche qui me faisait peur au départ, mais a finalement permis de maintenir la liberté et l’investissement de mes joueurs à chacun de nos one-shot.
Bonne année de jeuxderole.com
En effet, c’est d’ailleurs une anecdote au cours d’une de celles-ci qui m’avait inspiré à parler de ce sujet. Au cours d’une partie de Shinogami, j’avais planifié qu’un nouveau PNJ ferait son apparition, révélant qu’il était l’époux secret de l’employeur des PJ et aussi le boss final de la session.
Cependant, l’implication de mes joueurs à découvrir ce secret et comment ils avaient tiré d’autres conclusions m’ont amené à réfléchir sur la situation. D’autant plus qu’ils espéraient par conséquent une autre issue m’a convaincu à changer mes plans, je n’allais pas faire de lui l’Ogre Quantique de ce JDR. J’ai hâte de les retrouver pour cette année 2025, mais aussi de vous retrouver, les lecteurs.
Ainsi, je vous souhaite une bonne année à vous, chers lecteurs. Et quelle année pour le JDR! J’en parlais récemment, dans un de nos récents articles, mais j’attends énormément des sorties de 2025, entre la traduction du JDR SMT ou encore The Broken Empire, je suis hypé. Aussi, j’espère que vous l’êtes autant que moi et que vous aussi serez au rendez-vous autour de cette table!