Les JDR en solo constituent une pratique peu représentée dans le monde des jeux de rôle. Pourtant, avec une bonne préparation, elle ne manque pas de charme.
Dans l’imagerie populaire, les jeux de rôle se font par groupe avec les participants réunis autour d’une table. C’est ainsi que les premiers rôlistes jouaient et c’est aussi ce qu’on voit dans les clubs et en convention. Mais, avec le temps et la technologie, les pratiquants ont expérimenté avec les manières de jouer.
Les JDR en solo dans le monde des TTRPG
Ainsi, des variantes du TTRPG ont vu le jour, notamment le LARP qui se fait à grande échelle ou encore les jeux en ligne grâce à l’avènement des VTT (Roll20, Foundry VTT, Quest Portal VTT,…). Tous les styles de jeu rassemblent d’une manière ou d’une autre 2 ou plusieurs participants, contrairement aux JDR en solo.
En effet, dans ceux-ci, il n’y a qu’une personne à la table. Elle fait donc à la fois office de meneur de jeu et de joueur pour sa partie. Quand on connaît le fonctionnement d’un jeu de rôle, on peut de suite remarquer les obstacles que l’on rencontrerait en tentant de jouer de cette manière, en particulier dans les jeux qui reposent sur l’ignorance des joueurs ou l’impartialité du MJ.
Les limites à jouer seul…
Dans le cas des aventures publiées, par exemple. Elles ne sont pas pensées pour être des JDR en solo, l’indispensable lecture préalable va informer le joueur sur tous les secrets et les retournements de situation possibles.
Pour les jeux de la famille de Donjons & Dragons et Pathfinder, où la coopération entre les PJ est une mécanique centrale, l’adaptation à un seul personnage est compliquée. Même pour des CRPG comme Baldur Gates ou les Pathfinder d’Owlcat incluent des PNJ pour faire équipe avec le protagoniste.
Enfin, il y a la question de la sociabilité. Le jeu de rôle est une pratique collective, l’une de ses forces repose justement sur le partage, la communication entre les participants, y compris quand elle se limite à un meneur et un joueur. Ce pilier manque donc aussi dans les JDR en solo.
Un héritage des livres dont vous êtes le héro
Cependant, dès les premiers livres dont vous êtes le héros à partir des années 80, les éditeurs proposent une alternative solitaire aux jeux de rôle. Les joueurs peuvent profiter d’une aventure en solitaire, mais malgré tout rejouable grâce à ces mécaniques. Certains JDR modernes comme la nouvelle édition de Pendragon en tirent d’ailleurs parti et montrent que l’exercice n’est pas impossible.
C’est notamment avec les contextes comme la récente pandémie qui a empêché les rassemblements physiques que certains rôlistes ont été poussés à expérimenter les JDR en solo. En réponse, des vétérans sont sortis de leur silence et ont partagé leurs astuces en la matière.
Les manières de préparer et jouer un JDR en solo
À commencer par une bonne préparation ! D’ailleurs, étant donné que le participant est détaché de la contrainte de la sensibilité d’autres participants d’où les conflits peuvent survenir, il est libre de se préparer une expérience sur mesure. L’univers, les limites du récit, son genre ou encore son ton… c’est l’occasion d’expérimenter avec des combinaisons inédites.
Le choix d’un système de jeu vient durant la prochaine étape. Le rôliste a son univers et les fondations de son récit, il faut maintenant des mécaniques pour y jouer. Si en théorie n’importe quel système fonctionne, les systèmes gamey du style Pathfinder fonctionnent moins que les jeux narratifs.
Les PbtA en sont un exemple, puisqu’ils ont donné Ironsworn, un jeu pensé pour des quêtes épiques dans JDR en solo. La chaîne Me, Myself and Die en a fait une belle campagne, il y a quelques années. Les jeux de rôle individuels poprosent une gamme très large de mode de jeu. Du style de journal intime de Thousand Year Old Vampire à la gestion de donjon de Wicked One, le choix est vaste.
Le déroulement de la partie
Une fois la scène mise en place, le participant peut décider comment il va prendre des notes. Il ne s’agit pas seulement de retenir des informations essentielles comme pour les JDR plus «traditionnels », mais d’enrichir l’expérience en solo.
La forme d’un journal intime écrit est la plus commune. Mais les croquis, ou encore les enregistrements audio et vidéo ont aussi leurs avantages. Souvent, cette méthode est précisée d’avance dans le cas des mécaniques et des aventures dédiées.
Les JDR en solo possèdent aussi des outils spécifiques. Ils ont pour rôle de permettre au rôliste de gérer sa double caquette meneur/joueur en retirant une partie des contrôles à la seule volonté de celui-ci. Des gammes d’outils génériques, tels Mythic, l’émulateur de MJ existent aussi.
Souvent, cette méthode est précisée d’avance dans le cas des mécaniques et des aventures dédiées. Ces jeux offrent aussi des outils afin de résoudre les problèmes que pose la double casquette meneur/joueur. Via des générateurs (tables de rencontres, cartes à tirer…) ou des oracles (objet pour décider des réponses par oui, ou par non,…), ils retirent une partie du contrôle au PJ.
Certains de ces outils se transfèrent très bien aux campagnes de groupe et ce qui fait aussi que les JDR en solo constituent une manière de découvrir un jeu avant de le partager avec son groupe. Entre autres, le dernier né de Chaosium, Heinrich’s Call of Cthulhu Guide to Carcosa fait évoluer dynamiquement la campagne à chaque partie.
Jeuxderole.com lance ce mois d’aout 2024 son premier actual play en format solo. Avec pour système Moonlight on Roseville Beach, il suit le scénario « Sweet on Jenny » et la session 0 commence ici.