Le steampunk constitue plus qu’un genre littéraire. Parmi les sous-genres des punks, il s’apparente le plus à une sous-culture.
Afin de définir l’ensemble des codes que l’on trouve dans une œuvre, le public leur donne des noms spécifiques. Et certains deviennent si populaires qu’ils donnent naissances à de grandes communautés de fans.
Le contexte historique derrière le steampunk : la révolution industrielle
Hormis la medieval fantasy, qui met une version fantastique du Moyen-âge à l’honneur, le steampunk en est l’illustration la plus visible. De son apparence particulière à ses œuvres iconiques, il a fait son trou dans la culture populaire. La littérature, le cinéma, les jeux vidéo et les jeux de rôle proposent tous leurs plongées dans ces univers de science-fiction.
En effet, en quelques décennies, depuis le milieu des années 80, le charme du genre a conquis un large public en mettant particulièrement en avant son esthétique. L’esthétique constitue son aspect le plus reconnaissable, il se base sur une période historique particulière : la Révolution industrielle.
Plus exactement, le steampunk met à l’honneur la Révolution industrielle du XIXe siècle, celle de l’ère victorienne. Celle-ci a largement modifié le paysage physique, économique, culturel et social de la Grande-Bretagne avant de se propager vers d’autres territoires.
Les avancées technologiques avaient alors conduit à de grandes transformations sociales. Les moyens de transport, de communication et de productions changent au point de pousser à un développement de la ville ainsi qu’à la mise en place d’une société particulière. Entre autres, il favorise une part de la population, les patrons, qui s’enrichissent au détriment de la classe ouvrière.
Technologie et aventures, la vapeur du steampunk
Le steampunk prend une partie de ces caractéristiques et les réimagine pour donner un monde rétrofuturistique. La machine à vapeur, en particulier, constitue le cœur de la science dans cette fiction dépassant non seulement ce qu’il était possible à l’époque, mais parfois même ce que peut faire la technologie actuelle. Des avions aux ordinateurs, allant jusqu’à des villes mobiles dans Mortal Engines, tout peut y fonctionner à la vapeur.
Des inventions qui ont finalement précédé la codification du genre. En effet, si le terme en lui-même n’est apparu qu’il y a une quarantaine d’années, vers la fin des années 80, et nommé par comparaison au cyberpunk, alors populaire, on estime que Vernes et Wells en étaient les précurseurs.
Ceci explique la proximité du genre avec les récits d’aventures où la science joue un rôle souvent positif. Là où le cyberpunk donne une vision souvent pessimiste, voire dystopique, le steampunk est brillant, positif, humaniste dans une certaine mesure. L’horreur et les problèmes sociaux, même quand ils sont présents ne salissent pas le métal brillant.
Steampunk, d’un mode d’habillement et de vie…
Le steampunk constitue plus un cadre qu’une sorte d’histoire. Ceci le rend particulièrement perméable à d’autres éléments venus d’autres genres. Ainsi, les auteurs peuvent y combiner des codes venus des réalités uchroniques, de mondes fantastiques ou encore des histoires horrifiques. Il est donc très versatile.
Plus récemment, il est devenu un mouvement de mode et un style de vie. Habillement et accessoires steampunk se retrouvent dans les catalogues et dans les conventions, parfois mêmes dans la vie de tous les jours. Il compte des objets iconiques : des goggles, des hauts-de-forme, des corsets ou encore des montres à gousset, couleur de bronze et décorés de motifs de rouages.
… Aux jeux de rôle
Le steampunk dans les grands LDR
Du côté des jeux de rôle, on retrouve aussi bien des titres centrés sur le steampunk que des guides afin d’adopter le genre et ses codes à des titres bien connus. Il s’agit, en général, de proposer des mécaniques pour les gadgets et autres inventions atypiques de science-fiction. Les guides présentent aussi les éléments de ces mondes avec leurs histoires, géographie, organisation sociale.
Dans le cas de Donjons & Dragons, on trouve, par exemple, le monde d’Eberron. Bien que ce ne soit pas du goût des puristes de medfan, il introduit les robotiques Forgelier dans le monde fantastique du jeu. En plus de cette race (ou « espèce » dit-on dans l’édition 2024), la classe d’artificier se prête aussi beaucoup à l’esthétique du steampunk. Plus récemment, on trouve Victoriana qui se concentre plus sur le genre.
L’Appel de Cthulhu propose aussi sa version lovecraftienne du genre. Il s’agit du décor de Cthulhu by Gaslight, qui a récemment eu droit à son livret de l’investigateur. Combiné avec les règles de Cthulhu pulp, avec ses personnages héroïques et ses multiples gadgets, il fait un excellent moyen de vivre des récits en hommage aux pionniers du steampunk.
Du côté français, on peut considérer que Maléfices correspond y correspond. Tout du moins, il couvre la période contemporaine de l’époque victorienne, mais de ce côté de La Manche par son cadre de La Belle Epoque. Vaesen, mais surtout Candela Obscura présentent aussi des mondes d’horreur, de fantasy et de vapeur.
Insérer des rouages dans les jeux génériques
Des JDR génériques peuvent aussi transporter les rôlistes dans le steampunk avec des guides pour leurs mondes. Pour les jeux Propulsés par l’Apocalypse, on peut considérer Blades in the Dark comme tel par défaut. Cependant, remplacer l’électricité par de la vapeur peut renforcer cette ambiance, un changement valable pour les jeux qui l’utilisent.
Fate Core et GURPS possèdent aussi des livrets additionnels, officiels ou non, qui introduisent des mécaniques pour le genre steampunk. Pour le premier, il s’agit de Smoke & Glass, un petit projet indépendant sur Kickstarter il y avait presque 10 ans.
GURPS étant GURPS, la gamme possède toute une collection d’ouvrages qui couvrent différents aspects steampunk (équipements, véhicules, archétypes…). Ces informations sont disponibles aussi dans l’indispensable outil GCS et les créateurs proposent aussi des miniatures adaptées.
La communauté steampunk
Le style de vie steampunk en fait aussi un bon candidat pour les jeux de rôle grandeur nature ou LARP. Des groupes et des communautés entières existent sur les réseaux. Ils accueillent de nouveaux membres qui cherchent les bonnes adresses pour se procurer leurs tenues et leurs meubles. Pour les plus débrouillards, ils ont aussi des astuces pour les construire soi-même.
La littérature spécialisée existe aussi pour cela. En dehors des références littéraires et cinématographiques, ils montrent comment créer, acheter et porter l’attirail, parfois peu pratique, du steampunk. Chaque jour est sa propre aventure quand on entre dans les entrailles des mécaniques des steampunk.
