Le JDR et l’inclusivité constituent un sujet sensible, mais d’actualité. Sa réalité est en fait bien plus complexe.
Une discussion actuelle autour du jeu de rôle, c’est le renforcement de la diversité des identités et de sa représentation au sein de la communauté rôliste. Une évolution politique qui fait applaudir certains et fait grincer des dents d’autres.
Les premières années JDR, l’absence de LGBT
Hormis la réaction que l’on trouve dans toute société face à ce changement du paradigme des races et de la sexualité, le jeu de rôle a aussi une certaine réputation. En effet, il est né aux Etats-Unis dans les années 80 et a d’abord conquis un public précis. Le JDR florissait et il n’y avait alors pas la question l’inclusivité.
Ainsi, on assimilait le hobby à des hommes blancs, d’un certain niveau de vie, de sociabilité et même d’hygiène. Une représentation péjorative du nerd. Les rôlistes formaient de petites communautés qui se retrouvaient pour partager lune passion que le grand public ne comprenait pas.
Couplé avec la paranoïa satanique qui en est né des milieux réactionnaires, puis de l’âge sombre des années 90, le jeu de rôle était devenu un hobby très exclusif. Par ailleurs, il s’inscrivait tout de même dans la culture de l’époque et ne donnait pas une bonne présentation des LGBT.
Le XXIe siècle et les enjeux de l’inclusivité dans le JDR
Puis sont venus le grand retour du jeu de rôle et sa popularisation au fil de la deuxième décennie du XXIe siècle. Certaines des vedettes expriment ouvertement leurs identités, comme Jaffe de Critical Role, et a permis à un autre public d’adopter le hobby. On a alors commencé à penser l’inclusivité dans le JDR.
Avec du recul, le fait que ces individus stigmatisés, en particulier pour leurs identités ou préférences sexuelles, aient adopté le jeu de rôle ne devrait pas étonner. D’une part, il permet justement d’explorer cette situation. Il s’agit d’une des qualités que l’on reconnaît à présent à ce hobby.
D’autre part, et c’est aussi un enjeu dans la question de l’inclusivité, le JDR a un fort aspect communautaire. Que ce soit le fait de jouer ensemble avec d’autres personnes, mais aussi les échanges autour du hobby et de sa pratique, ces gens peuvent y trouver un noyau où se faire accepter.
L’inclusivité et les JDR, de la représentation…
Cette acceptation a conduit à deux manières d’exprimer le spectre des identités dans le jeu de rôle. Ainsi, on en trouve d’abord des insertions et des présentations dans les systèmes habituels. On évoque plus librement les différentes identifications et orientations et plus tard l’usage des pronoms dans les jeux les plus populaires.
Les créateurs ont commencé à faire plus attention à ces questions. En conséquence, on rencontre aussi de plus en plus de guides dans les livrets pour l’inclusivité et la représentation, ainsi que des instructions pour insérer et utiliser des outils de sécurité dans le JDR. Totalement optionnels quand on a un bon groupe, ils permettent d’expliciter un contrat social jusque-là implicite.
Plus tard, et surtout avec le développement de la scène des jeux indépendants par le financement participatif, on a vu apparaître une culture queer du RPG. Il s’agit de titres qui ne se contentent pas de dire qu’ils acceptent cette communauté, mais l’ont comme cible.
… aux jeux queer
Certains noms sont devenus très populaires dans ce cadre. Thirsty Sword Lesbian d’Evil Hat Production et son successeur, Girl By Moonlight, par exemple, qui ne cachent pas qu’ils s’inspirent des nouveaux médias populaires auprès de la communauté LGBTQ, par exemple. On les retrouve régulièrement en lot pour des œuvres de charité destinées à la cause de cette communauté.
Ces jeux centrés sur l’inclusivité ont aussi des préoccupations très différentes des JDR plus « traditionnels » et, de ce fait, en sont très distants. En effet, il s’agit surtout, voire exclusivement, de jeux narratifs. De TSL à Void Chronicles en passant par Queerz ! on retrouve le PbtA à différentes sauces.
Une préférence narrative qui s’explique par la place qu’ils accordent aux sentiments et aux relations entre les personnages. Les rôles qui deviennent des métaphores des défis du quotidien, la mise en valeur de la compréhension et du pardon par le fait que les PJs peuvent se soigner les uns les autres, mais pas soi-même….
Ce paradigme si différent de celui des JDR habituels a souvent irrité certains pans de la communauté rôliste. Mais peut-être pas toujours pour les bonnes raisons, faute justement au manque de représentation dans la culture populaire.
Cependant, au-delà des réactionnaires qui crient au wokisme, on trouve aussi des critiques plus intéressantes. La sincérité des grandes corporations comme Hasbro, l’utilisation des stéréotypes comme celles des races drow,… L’inclusivité a définitivement changé la manière de faire du JDR dans le respect des sensibilités des uns et des autres.