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Le Cypher System, une conciliation entre power gaming et narration

Le Cypher System, ludique et narratif

Le Cypher System fait partie des systèmes génériques qui gagnent en popularité. Pour cause : son équilibre entre les mécaniques et la narration.

Une vérité qui saute aux yeux quand on s’intéresse à l’univers des jeux de rôle, c’est la quasi inexistence d’un absolu. En fait, les créateurs ne cessent d’inventer, de réinventer, d’emprunter et d’innover pour façonner de nouvelles manières de jouer aux JDR. Parfois, des systèmes se détachent du lot.

Aux origines du Cypher System

Un mariage improbable

Le Cypher System est ce qu’on pourrait appeler un cas d’école. Un héritier du système de d20, son créateur en a fait une nouvelle référence en termes de mécaniques depuis son lancement en 2014.

En particulier, on le retrouve dans les recommandations de systèmes pour ceux qui voudraient sortir de la zone de confort de Donjons & Dragons, sans aller jusqu’au mécaniques « ésotériques » d’un Fate Core par exemple.

De ce fait, d’une part, comme pour ce dernier, la narration est souveraine dans le Cypher System. D’autre part, le jeu propose tout de même son lot de crunch comme des statistiques, de l’équipement, etc. De plus, il est un système générique : il s’adapte à n’importe quel univers fantasy cyberpunk, western…

L’homme derrière le Cypher System

Son efficacité, il la doit à son créateur, Monte J. Cook. Considéré par certains comme une des légendes du monde des jeux de rôle, ayant reçu les louanges de Gary Gygax, il fait partie des figures incontournables du paysage des jeux de rôle. Né en 1968, il se lance dans ce milieu professionnel à 20 ans.

Avant de concevoir le Cypher System, Cook fait ses armes auprès de grands éditeurs, suivant une courbe ascendante. D’abord chez Iron Crown Entreprises, il passe ensuite chez TSR en free-lance avant d’être engagé par Wizards of the Coast jusqu’en 2001. C’est au cours de ces années qu’il fait la connaissance de Gygax qui félicite sa contribution pour la 3e édition de DnD.

Par la suite, il continue de travailler dans le monde du JDR, avec entre autres, son interprétation du Monde des Ténèbres en 2007. Après un retour éphémère chez Wizards en 2011, avec qui il se brouille pour des différences créatives, il se lance à son compte avec Monte Cook Games.

De Numerena à un système générique

Le premier jeu de cette entreprise porte le titre de Numenera. Ce jeu post-apocalyptique se déroule sur Terre dans un futur lointain où les civilisations humaines sont apparues et ont disparu.

C’est ce monde étrange que les joueurs explorent dans ce jeu de rôle au moyen d’un système inédit : le Cypher System. La qualité du produit et son gameplay lui valent de recevoir des prix prestigieux. Numenera remporte 7 Ennies aux éditions de 2014 !

Par la suite, Monte Cook Games remet le couvert avec un autre jeu qui utilise les mêmes mécaniques, mais dans un autre setting. The Strange plonge les rôlistes dans une version de notre Terre qui dispose d’une réalité alternative inconnue des hommes. Cette fois, il se contente de quelques seconds prix en 2015.

Mais l’éditeur réalise cependant le potentiel de son système. Puisque celui-ci est si flexible, peut-être qu’il fonctionnerait aussi pour d’autres genres et univers que les fans voudrait tenter par eux-mêmes ? De ce fait, Monte Cook Games en fait un ouvrage à part : le livre de base du Cypher System était né.

Le livret de base du Cypher System

Faisant un peu plus de 400 pages, il s’adresse à la fois aux meneurs et aux joueurs. Bien que l’ouvrage explique les bases des mécaniques, il admet cependant être avant tout un guide. En conséquence, on ne peut pas le jouer tel quel et le meneur en particulier doit d’abord l’adapter à la partie : l’univers, le genre et les éventuelles règles spécifiques.

Malgré la relative simplicité de ces règles, on ne peut pas résumer aisément le Cypher System. En effet, bien qu’il garde certaines bases faciles à comprendre quand on connaît les jeux de rôle « plus classiques », il s’en démarque aussi.

Le d20 et les difficultés

Tout d’abord, il ne repose que sur un dé, le d20 avec plus rarement le dé 6 et le dé 100. C’est par un jet du premier que l’on résout les actions (tasks) en tentant de faire plus qu’un seuil de difficulté. Ici commencent les particularités du système.

Pour déterminer ce niveau de difficulté, il faut faire un peu de multiplication. Ce que le meneur détermine lorsque la situation le nécessite, c’est un nombre allant de 0 à 10 qui est triplé pour déduire la valeur que le joueur doit faire.

Ainsi, pour une tâche que tout le monde peut faire à 100 %, on a une difficulté de 0 et la cible est de 0 ; quand les choses se compliquent avec un 4, on vise un 12. Et si la tâche est quasi impossible, à 10, on a un 30. Mais si le Cypher System utilise un d20, comment un jet peut faire un 30 ?

Il y a bien sûr les bonus, les +1, +2 qui s’additionnent, mais surtout, les modificateurs. Avant de faire le jet, le joueur peut baisser le niveau de difficulté grâce à ses compétences, par le système d’effort et d’autres atouts. Ainsi, d’une tâche de conduite de nuit en forêt évaluée à 8 par le meneur, par exemple, on baisse à 5 grâce à une lampe et aux capacités du conducteur. Plutôt que devoir faire 24, le joueur doit faire un 15… Et seulement les joueurs.

En effet, dans le Cypher System, seuls les PJ doivent faire des jets. En cas de conflits avec un personnage non joueur, que ce soit pour l’offensive que la défensive, c’est le joueur concerné qui fait un jet. Selon le livret, il s’agit d’une manière de représenter leur importance au cœur de l’histoire.

Les PJ dans le Cypher System

Le crunch et les personnages joueurs

En conséquence, on s’attend à une procédure de création de personnages très satisfaisante. Et en effet, elle offre tellement d’options qui font des PJ distincts et mémorables, sans grandes difficultés. Elle combine à la fois le quantitatif et le qualitatif.

Dans le Cypher System, les personnages n’ont que 3 stats. Ce sont Might, qui pourrait décrire la force et la durabilité, Speed, la vitesse et la coordination, et Intellect qui délimite l’intelligence, ainsi que le charisme du PJ.

Chacune de ces statistiques possède aussi d’autres valeurs : un Pool, un Edge et l’Effort. Elles constituent non seulement une description du personnage, mais aussi une double ressource. Ils font office de point de vie en plus de pouvoir être dépensés pour réduire les niveaux de difficulté.

L’expérience dans le Cypher System est aussi dans le même cas. Attribuée aux personnages joueurs au fur et à mesure des épreuves auxquelles ils font face, elle ne sert pas qu’à les améliorer. Ils peuvent de même l’utiliser pour influencer la narration.

Le Cypher System, une mécanique descriptive

Un PJ possède aussi un aspect qualitatif. Il est en quelque sorte l’équivalent d’un système de « classe » et de « sous-classe » des JDR qui en font usage. Ici, ce sont son Descriptor, son Type et son Focus qui se présentent sous la forme « Je suis un [adjectif] [nom] qui [verbe] ». Par exemple : Je suis un brave guerrier qui vit l’instant présent à fond.

Ce système ne fonctionne pas comme les traits de Fate Core. En fait, à chacun d’eux correspond une sélection de capacités et d’habiletés sur lequel le PJ peut compter et qu’il peut améliorer au cours de la partie.

Le Descriptor est un adjectif qui définit le PJ. Il s’accompagne de quelques bonus sous la forme de statistiques, de mécaniques singulières ou encore de pièces d’équipement. Ces adjectifs ne sont pas nécessairement positifs (cruel, par exemple), de même que leurs impacts sur le personnage.

C’est particulièrement apparent avec les Types. En tant que nom et au nombre de 4 ils reflètent presque les classes habituelles. Ainsi, on y retrouve plus ou moins le guerrier, le mage, le roublard et le barde. Au fur et à mesure de l’expérience, un joueur gagne en Tier (le niveau en quelque sorte) et ceci améliore son Type. Il en est de même de son Focus.

Le Focus est le verbe. Il dépend de l’univers et du genre de jeu pour lequel on emploie le Cypher System, mais il caractérise individuellement les PJ et leurs liens entre eux. Pour illustrer, l’un fait du personnage un golem de pierre. Il peut choisir un autre membre du groupe qui l’a réveillé ou qu’il ne risque pas d’attaquer, en plus de lui conférer des capacités uniques à son état.

Le potentiel illimité du Cypher System

Le même souci de flexibilité et de détail se retrouve dans quasiment tous les aspects du Cypher System. Que ce soit les éponymes cypher, des consommables (potions, munitions…) faits pour être attribués et utilisés pour dynamiser le jeu ou encore les moyens pour différencier les antagonistes, la boîte à outils est complète.

Pour tester et découvrir cependant, rien ne vaut des jeux déjà prêts. Ils montrent le potentiel du système. Rien que cette année 2023, Old Gods of Appalachia et The Magnus Archives l’ont adoptée. Mais on compte aussi Invisible Sun, Godforsaken, Claim The Sky,… des jeux pour tous les goûts qui promettent un avenir radieux à un système unique.    

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