Gardens of Ynn arrive en financement participatif. Quelles aventures attendent vos joueurs dans ces mystérieux jardins ?
L’une des tâches universelles des meneurs de jeu est de faire des préparations en avance afin de fluidifier autant que possible les parties. Malheureusement, ce n’est pas toujours possible en raison des aléas de la vie. Il existe toutefois des alternatives.
Un univers inspiré de la littérature pour enfant
En effet, certains rôlistes en réalisant la difficulté du rôle de maître de jeu ont décidé de mettre au point des systèmes pour jouer sans préparation. Cairn pour la med fan à l’ancienne ou encore Horrifique pour le jeu d’horreur en sont des exemples. Gardens of Ynn propose une autre approche puisqu’il n’est pas un système, mais un module.
C’est une création d’Emmy « Cavegirl » Allen. Il est disponible gratuitement en PDF sur le site friendorfoe ou en impression à la demande sur DriveThru RPG. Elle l’a lancé en 2018 en utilisant des illustrations du domaine public et avec une licence très libre. Plus que des perspectives professionnelles, elle était poussée par le désir d’inventer en s’inspirant des livres de son enfance.
D’Alice au Pays des Merveilles au Hobbit en passant par Narnia et Advanced Dungeons & Dragons, Gardens of Ynn a des racines très fantastiques, mais surtout colorées. C’est la particularité de cet univers en comparaison à ce qui se fait d’habitude dans la fantasy à l’ancienne. Il prend aussi des idées dans une imagerie plus moderne de la fantasy. Donc, on y trouve des références, comme Obojima, aux travaux des studios Ghibli.
Il en résulte un mélange atypique qui se combine en un jardin magique. Il fait office de donjon que les PJ peuvent explorer et découvrir et à mesure… En même temps que le meneur de jeu !
La génération procédurale dans Gardens of Ynn
Suivant des mécaniques que l’on trouverait dans les livres dont vous êtes le héros, l’extension Delve d’Ironsworn ou les jeux de création de cartes, Gardens of Ynn est procédural. Ainsi, grâce à un ensemble de règles et de tables aléatoires, il permet de créer l’éponyme jardin au fur et à mesure que les joueurs avancent. Ce qui fait que le MJ n’a pas à préparer de donjon à l’avance.
Globalement, l’exploration des jardins suit une routine précise. D’abord, un jet 1d4-1 pour déterminer de combien de niveaux les PJ avancent dans le donjon. Il s’en suit une succession de d20 sur une table pour déterminer l’apparence du lieu où ils arrivent et son contenu. Dans le cas où les joueurs y attendent, des événements aléatoires peuvent survenir… Pour le meilleur ou, plus souvent, pour le pire !
Malgré ses couleurs et son côté conte de fées, Gardens of Ynn reste toujours dans une philosophie de JDR à l’ancienne. L’imagination et la créativité des joueurs importent plus que leurs fiches pour résoudre les problèmes que le module va leur jeter. La mort n’est jamais trop loin pour un PJ maladroit ou malchanceux.
Proposer du challenge aux joueurs tout en favorisant leur progression. Emily a pensé à équilibrer les mécaniques de ce module dans ce sens.
Par conséquent, il tient compte de l’avancée des joueurs et ne fait que monter graduellement le danger avec la profondeur. Ou encore, il met en place des règles sur les sorts de téléportations afin d’empêcher leurs abus. Enfin, une catégorie particulière d’habitants du jardin offre de parfaits PJ de rechange pour les inévitables décès en cours de chemin.
Un outil de création de donjon pour les meneurs
Ces personnages joueurs de rechange ne sont pas les seuls occupants des jardins. L’ouvrage comprend aussi un bestiaire avec des créatures aussi étranges qu’un chat noir à 9 vies, un majordome en verre ou encore un lampadaire intelligent et mobile (pas si différent de celui que l’on voit dans Le voyage de Chihiro de Miyazaki).
Les fiches de ces créatures permettent d’intégrer Gardens of Ynn sans difficulté dans pratiquement n’importe quel système OSR. Il est même possible de l’utiliser pour des jeux plus modernes, à condition pour le meneur de savoir adapter les écarts mécaniques.
Ainsi, même si la cible d’origine de la créatrice était le public des jeux de fantasy, les grognards de l’exploration du donjon à l’ancienne, son œuvre s’adresse à tous. D’où l’intérêt de cette campagne de financement participatif.
Il propose une version papier de Gardens of Ynn, mais de meilleures qualités que celle qu’on avait jusqu’à présent. En particulier, elle a engagé des artistes pour offrir des illustrations inédites en couleur. Elles mettent vraiment plus en valeur l’univers particulier de ce donjon. Avoir les tables à porter de main pour une référence rapide est aussi recommandé.
Trois semaines avant sa fin, la campagne a réussi à dépasser plus de 6 fois son but de départ. Un bon augure qui, espérons-le, va pousser l’éditeur et l’auteur à considérer la même approche pour plus de jeux. D’autant plus que The Stygian Library, son petit frère a aussi rencontrer le succès en 2020.