FATAL a l’une des pires réputations dans le milieu des rôlistes. 20 ans après sa deuxième version, on continue d’en faire un cas d’école.
En cinquante ans, les créateurs ont présenté des JDR de toutes les sortes. Simples, compliqués, pour un seul joueur, se déroulant dans des univers passés, présents, futurs, fantasy ou réalistes, voire aussi des tableaux de maîtres.
Une réputation à l’épreuve du temps
Au fil de ces expériences, il est normal que certains de ces jeux n’aient pas la même qualité que d’autres. De ce fait, à l’opposé de DnD et autres Tales From the Loop qui ont généralement tracé la voie aux bons jeux, et qui ont pourtant leurs opposants, on a ceux qui ont laissé une trace unanimement amère. Un nom en particulier revient : FATAL.
En effet, il a la réputation de n’être ni plus ni moins que LE pire jeu de rôle de tous les temps. Un superlatif que l’on continue de lui donner plus de deux décennies après qu’il ait fait son apparition sur le web. Il en est ainsi devenu une légende, un rite de passage obligé pour comprendre ce qu’il ne faut pas faire en matière de JDR.
FATAL est en fait un acronyme, mais qui diffère en fonction de laquelle des éditions du jeu on se réfère. Ainsi, il devient Fantasy Adventure for Adult Lechery pour la première sortie en 2002 et From Another time Another Land pour la deuxième en 2004. Un changement qui est venu avec d’autres au sein des règles après les retours virulents dont il a fait l’objet à sa sortie.
Le problème éthique de FATAL
Son pitch de base pourtant n’est pas si mal. Il transporte les joueurs dans un univers de médiéval fantastique dans un cadre européen. Il embrasse le courant dark de cette fantasy. Comme dans Warhammer Fantasy, la violence est présente et on n’y a pas la même vision optimiste de l’aventure que dans un Tolkien, par exemple. Toutefois, même pour son temps, il le fait dans l’excès et avec un mauvais goût qui manque totalement de subtilité.
Et c’est là le premier des péchés de ce jeu, son approche des thèmes comme la violence, le racisme ou encore la sexualité. Ce dernier point en particulier a tout à fait sa place dans le milieu du JDR. D’ailleurs, les jeux Propulsés per l’Apocalypse en font carrément une mécanique dans son système narratif. Mais FATAL fait plutôt l’apologie du viol et de la misogynie.
Un point de vue que le jeu approuve totalement, mais qu’il tente de justifier par son approche. Se réclamant être le jeu le plus « difficile, détaillé, réaliste, historiquement et mythiquement précis », il va jusqu’à, ici et là, citer de prétendues sources académiques pour expliquer sa position.
Il s’agit toutefois d’un biais de confirmation où l’auteur s’est contenté de garder ce qui correspondait à sa vision pour jeter le reste. De ce fait, FATAL prétend, par exemple, rejeter toutes influences non européennes dans son jeu. Il omet alors la place du Moyen-Orient et du Christianisme qui est non négligeable dans cette société médiévale qu’il prétend retranscrire fidèlement, de même, il refuse l’existence des non-Caucasiens dans son jeu et utilise des noms indonésiens pour les Kobolds.
Un abus de mathématiques
Du côté des mécaniques, la situation n’est guère mieux. Du courant simulationniste de la LNS, le système MEAN a la réputation d’être inutilement complexe. Il utilise trop de jets et même des calculs mathématiques complexes pour tout faire sans réussir à être jouable comme l’est Traveller, par exemple. Les illustrations les plus célèbres incluent le calcul de la capacité à uriner ou de la taille des orifices des personnages.
Ces éléments font partie de ce que les joueurs doivent calculer au cours de la création de personnages. Une opération qui dans certains titres prend à peine quelques minutes requiert donc dans FATAL des heures et énormément de jets. Plus de 450 selon le Youtuber Zigmenthotep qui a tenté l’expérience!
Plus que compliqué, il est saturé avec trop de règles et de mécaniques qui se contredisent. Rien d’étonnant étant donné que le livret de règle fait près de 1000 pages et insère des variables mécaniques comme mathématiques. Ceux-ci se répartissent sur les 10 pages de la fiche personnage et peuvent faire évoluer plusieurs avec un simple jet.
Le bon côté de FATAL ?
Avec du recul, pourtant, une fois dépassé de ce surplus et de son mauvais goût, FATAL avait-il de bonnes idées? Étonnamment oui. Son approche de l’initiative, par exemple, qui donne différentes initiatives à plusieurs attaques ajoute une profondeur stratégique et une dynamique que l’on ne trouve pas ailleurs.
Mais surtout, son exécutable de création de personnages qui fait un excellent outil pour les meneurs de jeu. Il automatise totalement le processus de création et en quelques clics, il permet de générer un individu complet. Celui-ci peut alors servir de PNJ pour un autre jeu.