Salutations, futurs aventuriers ! Depuis bientôt une décennie, les JDR ont connu un boom dans la représentation populaire. Mais pour les amateurs, quelle est la définition du jeu de rôle ?
Le jeu de rôle (JDR), est avant tout une activité ludique basée sur la narration coopérative entre les différents participants. Petits ou grands, qui n’ont jamais rêvé d’être à la place des protagonistes des histoires? Celles que nous lisons dans les livres et regardons aux cinémas ? Et bien, le jeu de rôle met cette fantaisie à la portée de tous.
Il était une fois la fantasy…
Cet ancrage dans l’imaginaire, le jeu de rôle la doit à ses origines. Il y aussi le contexte européen aux XIXe et XXe siècles. Au XIXe siècle, le wargame se répand chez les militaires, un jeu simulant des conflits entre armées. Malgré sa commercialisation, il peine à trouver un large public. De plus, la réalité du XXe siècle est parsemé de conflits, dont les deux Guerres mondiales. Elle ne rend pas un jeu basé sur les guerres attirant.
C’est dans les années 70 en particulier qu’on voie la montée de l’intérêt pour la Fantasy. Conan le Barbare de Robert E. Howard est adapté en bande dessinée, Le Seigneur des Anneaux de Tolkien est réédité. De leur côté, les stars de la musique de contre-culture en vogue, le Metal, s’emparent de cette imagerie.
… puis vinrent Gygax et le jeu de rôle
Dans ce contexte intervient un duo de wargamers américains, Dave Arneson et Gary Gygax. Ils publient en 1974 la première édition de la référence en termes de jeu de rôle au sein du grand public. Dungeons & Dragons, Donjon et Dragons en France, ou communément abrégé en DnD.
Avec DnD, on passe du wargame opposant des armées à la coopération entre individus pour un objectif commun. En effet, les jeux de rôle proposait alors aux joueurs, selon sa définition, d’incarner des groupes d’individus appelés aventuriers. Ensembles, il mènent leur quête d’or, de butins. Ils combattent aussi des créatures mythiques comme les orcs, les trolls ou les gobelins et, en particulier, l’éponyme dragon.
Comment se joue un JDR ?
Une activité ludique basée sur le fait de jouer un rôle, comment ça débute ? Pour commencer, il faut rassembler un groupe autour d’une table. Dans un jeu de rôle, un groupe se constitue d’un meneur, du maître de jeu ou MJ et des joueurs. Ce sont tous des « rôlistes ». L’imagination et l’amusement sont les seules limites et on quitte la réalité le temps d’une partie.
Tout ce beau monde va incarner des personnages. Ils disposent des règles plus ou moins définies dans un univers donné et suivant un scénario. Les personnages des joueurs en sont les protagonistes. En règle générale, le MJ est chargé de faire vivre le monde. C’est lui qui donne une volonté et une voix aux autres personnages, les personnages non-joueurs ou PNJ, décrit les scènes et raconte le déroulement des évènements. En cas de doute sur les règles, il fait aussi office d’arbitre.
Avant une partie de jeu de rôle, la préparation
Même si le groupe est au complet, la partie ne peut pas encore commencer. Tout d’abord, il faut mettre en place une petite organisation. Un lieu et une date pour jouer, le matériel nécessaire, un ensemble de règles appelées « système » et l’une des étapes les plus essentielles du jeu de rôle, la création de personnages.
Les joueurs procèdent à la définition des rôles qu’ils vont incarner pour les jeux sans rien laisser de côté : sa race ? Son sexe ? Son âge ? Son histoire ? Les joueurs couchent ces éléments sur les fiches de personnage. Traditionnellement, dans les jeux de rôle, il s’agit d’une feuille de papier qui sert à la fois de fiche d’identité et de fiche technique des personnages.
Une pratique plus récente, la session 0 est l’occasion justement pour que chacun puisse apporter sa pierre à cet édifice avant de jouer, s’entendre sur les attentes de tout le monde pour les parties à venir et assurer que les sensibilités de tout le monde soient respectées.
Déroulement des jeux de rôle
Une partie se joue à tour de rôle où chacun interagit en décrivant les actions de son personnage. Le MJ va décrire la scène, avant de passer la parole aux joueurs, ceux-ci vont énoncer les actions que réalisent leurs personnages et le maître de jeu va décrire les conséquences de ces actions.
Il n’existe toutefois pas de règles universelles dans la définition des jeux de rôle, sinon de s’amuser. De ce fait, les actions et l’arbitrage varient d’un jeu de rôle à l’autre et d’un groupe à l’autre. Il est donc préférable de découvrir différents systèmes et d’en discuter à sa table.
Les jeux de rôle sont semblables à un théâtre improvisé : le MJ décrit aux joueurs qu’ils sont devant une porte fermée, il leur demande « que faites-vous ? ». Un joueur A explique qu’il veut défoncer la porte, le MJ lui accorde le droit d’essayer. A jette les dés et réussit son action, il décrit comment B brise la porte. Le meneur explique ce qui se trouve de l’autre côté et c’est au tour du prochain joueur.
L’évolution des jeux de rôle
D’abord activité de niche, le jeu de rôle était souvent inconnu, moqué ou parfois craint dans les années 70. On l’assimilait aux « intellos » (« nerd »), aux fous ou aux sataniques, aux parias donc. Pourtant, cela n’a pas empêché le JDR de rencontrer un public de plus en plus varié qui va l’adapter à leurs goûts et essayer de nouvelles choses.
Ainsi, certains vont même pousser le délire jusqu’à retirer un élément : la table. On parle alors de Live Action Role Playing Game ou LARP. Cette fois, le jeu de rôle atteint des proportions plus théâtrales puisqu’il se pratique en costume dans un décor fabriqué par les participants mêmes.
Cet aspect bricolage, le jeu de rôle la partage avec ses frères, le Metal et la Fantasy qui vont être réinventés à toutes les sauces et donner toute une collection de sous-genres. De même, les jeux de rôle ne vont pas rester dans l’époque médiévale, mais s’étendre à l’horreur lovecraftien dans les 20 avec l’Appel de Cthulhu et aux jeux vidéo post-apocalyptiques avec Fallout.
Des jeux toujours plus innovants?
En dehors du fait de jouer en dimensions réelles, on compte aussi un autre style de jeu, plus rare : le jeu de rôle en solitaire, un rôliste joue seul. Le concept peut sembler paradoxal avec la définition du jeu de rôle puisqu’il élimine l’aspect d’échange, cependant, il a vu le jour presque en même temps. Des règles pour jouer seul existaient dès les premières éditions de DnD
D’autres créateurs se sont aussi lancés dans leurs propres systèmes expérimentaux. Cette liste n’est pas exhaustive, mais présente quelques unes de ces initiatives qui font parfois grincer des dents certains puristes, mais que des tables ont exploré avec succès.
Ainsi, certains jeux ont abandonné les dés. À la place, l’aspect du hasard se fait avec un autre type de jeu. On trouve souvent des cartes à jouer ou une tour de jenga, ce qui implique l’application d’autres compétences dans le JDR.
Cependant, d’autres jeux de rôle cherchent à se passer du hasard qui semblait indissociable de sa définition. De ce fait, on trouve parfois des systèmes totalement indépendants du hasard. Ceux-là préfèrent souvent un système à base d’une économie de points ou de jetons, comme dans le cas de Mage Hunter. Il existe même au moins un JDR épistolaire : Castles in the Sky, et les TRPG, jeux japonais qui ont un délire bien différent (Shinobigami).
Le jeu de rôle dans les jeux vidéo
Les jeux vidéo d’ailleurs vont grandement s’en inspirer et doivent aux jeux de rôle la naissance d’un genre du même nom : le role playing game (RPG). Ultima, Final Fantasy, The Elder Scrolls sont tout autant de franchises qui ont adapté la formule d’incarner un ou des personnages dans un univers imaginaire.
Il leur manquait cependant l’aspect social du jeu de rôle papier jusqu’à l’arrivée des jeux de rôle en ligne massivement multijoueurs, les MMORPG. Avec le développement de l’ère d’Internet, une boucle sera bouclée et en particulier avec la récente pandémie, le JDR en ligne va exploser avec les tables virtuelles où l’on retrouve d’ailleurs DnD qui est à présent à sa 5e édition.
Le JDR, une inspiration
Ce dernier a aussi mis en avant tout un univers créatif et communautaire qui entoure le JDR. En effet, dès ses origines par la coordination de Gygax et les joueurs de wargame ou plus tard les magazines spécialisés, il repose grandement sur le partage entre les fans du hobby. Il en résulte un éventail de contenu créatif sur, autour ou encore inspiré par le jeu de rôle.
Dans cette dernière catégorie, on trouve toute une littérature, la LitRPG. Parmi ses pionniers figure la saga audio du Donjon de Naheulbeuk. Des stéréotypes de l’équipe des Fers de Hache à leurs déboires au cours de l’aventure, il y a clairement une inspiration du JDR.
Le monde de l’actual play est aussi une forme d’activité créative influencé par le jeu de rôle. Les rôlistes enregistrent leurs parties et les partagent avec le reste du monde. Aventures, Critical Role, Me, Myself and Die, Sombres Machinations, La Bonne Auberge, Grimoire & Tentacules… on a l’embarras du choix ! Qu’ils aient un script ou non, chacun a un charme qui lui a valu de conquérir son public.
D’autres créateurs partagent plutôt leurs expériences, leurs conseils et leurs avis sur les jeux de rôle. Ces personnalités incluent aussi bien des vétérans que des nouveaux venus qui n’ont connu le JDR qu’avec DnD 5e. Certains ont réussi avec le temps à créer leurs propres produits comme Ryoko’s Guide to the Yokai Realms.