Le dé pipé est un élément mal vu à n’importe quelle table de jeu de rôle, et à n’importe quelle table de jeu tout court. « Connais ton ennemi » recommande Sun Tzu, alors, découvrons le ensemble.
Le dé pipé est aussi appelé « loaded dice » est un dispositif utilisé pour tricher (vous voyez pourquoi personne n’en veut à sa table?). Pour ce faire, on modifie le dé de sorte à changer les probabilités de chaque face.
Dé pipé : comment faire ?
La recherche d’un moyen afin de favoriser les résultats des jets n’est pas venue avec le JDR. En effet, il est probablement aussi vieux que l’utilisation des dés dans un cadre ludique ou pour les paris. Ainsi, les chercheurs ont trouvé des dés modifiés datant de l’Egypte Antique, période à laquelle remontent certains des plus vieux dés connus à ce jour.
De nos jours, ils sont très répandus, pour le meilleur et pour le pire. En effet, il suffit d’une petite recherche sur Internet afin de trouver des paquets de dé pipé à la vente. On en a, par exemple, sur le site Etsy.
Des internautes partagent aussi leurs méthodes afin d’en fabriquer chez soi. Certains d’ailleurs justifient le nom anglas de « loaded dice », « dés chargés » qu’ils ont outre Manche et outre Atlantique.
Ces méthodes s’adressent en quelque sorte à tout le monde. D’une part par la simplicité des équipements qu’ils nécessitent puisqu’elles n’impliquent ni l’emploi d’aucun outil ni des connaissances approfondies ou spécifiques. D’autre part, comme ils reposent sur la modification de la répartition de poids du dé, aucun jeu de main n’est nécessaire.
Face à une telle accessibilité, il devient important pour les rôlistes d’avoir conscience de l’existence de ces accessoires trafiqués. D’ailleurs, avec les dés personnalisés et artisanaux, on n’est pas à l’abri d’un défaut de fabrication. Celui-ci pourrait conduire à un déséquilibre au niveau des résultats.
Les dés les plus faciles à modifier pour favoriser certains nombres sont ceux avec des faces à points, donc, généralement des dés 6. Pour se faire, il suffit d’avoir quelques outils (perceuse, mèches, colles, poids et papier abrasif) et surtout beaucoup de doigté.
La première étape est de choisir la face que vous voulez voir le plus souvent, en fonction de votre système de jeu. Il y a un intérêt à truquer un dé pour les gros nombres comme les petits nombres. La face sur laquelle vous allez travailler est celle opposée à celle que vous voulez voir.
La méthode basique
Pour commencer, vous avez besoin d’une perceuse avec une mèche d’un diamètre inférieur à la taille d’un point sur une face. Faire un trou dans les points de la face où vous travaillez, plus il sera petit et peu profond, plus l’artifice sera discret. Ensuite, placez un poids dans le trou (la pointe d’un clou ou un morceau de plomb).
Assurez-vous que rien ne dépasse que l’on puisse sentir au toucher et grattez avec du papier de verre au besoin. Pour finir, scellez le trou avec un peu de colle. Une fois sec, finir avec du papier abrasif en partant des gros grains jusqu’au grain le plus fin : la sensation au toucher est primordial. Une touche de noir brillant ou mat pour ressembler aux autres points, et voilà !
La version compliquée
Le poids de ce dé pipé est supérieur à la normale alors ne la passez pas trop à la table ! Une version plus complexe de cette méthode est de vider complètement le dé d’abord. Ensuite, il faut le remplir méthodiquement pour en faire un dé pipé de même poids qu’un dé normal. L’idée reste la même : le poids est placé du côté opposé à celui que vous voulez afficher.
Ces méthodes sont plus facilement réalisables sur des dés 6. Même s’il existe des systèmes concentrés sur celui-ci, qu’en est-il du reste des 7 dés classiques du JDR ? On peut faire un dé pipé de chaque, mais plus il y a de faces, moins le trucage fonctionne.
La méthode universelle
Une modification qui marche sur tout type de dé est de le faire fondre TRÈS légèrement avec le résultat désiré au-dessus. Vous aurez besoin de le mettre jusqu’à 10 minutes dans un four préchauffé à 200 °C et ensuite de le refroidir immédiatement dans un bac d’eau glacée.
Le principe est que la chaleur va tasser le dé suffisamment pour altérer la probabilité, mais sans être visible. Il faut un peu de pratique pour déterminer à l’œil que le dé peut être sorti du four. Attention ! Les vapeurs peuvent être toxiques : travaillez dans un environnement aéré avec un masque, des lunettes de protection et des gants !
Comment détecter un dé pipé ?
Maintenant que vous comprenez comment fonctionne leur majorité, nous allons apprendre à détecter un dé pipé. Premièrement, il faut se rappeler qu’accuser un joueur de triche est grave. Sans raison valable, il vaut mieux ne pas accuser à l’aveugle et risquer la bonne ambiance.
Si vous remarquez un nombre anormal de réussites ou d’échecs, en particulier si ce sont les mêmes nombres qui sortent, une vérification peut-être nécessaire. Demandez poliment ou discrètement à prendre les dés suspects.
Si leur poids semble différent d’un dé du même matériau, c’est peut-être un indice. Faites quelques jets et ouverts avec et regardez si les mêmes nombres continuent de sortir.
Une méthode plus scientifique pour les dés en plastique requiert un récipient, de l’eau et du sel. Dans un récipient, mettre de l’eau chaude et verser des cuillères à soupe de sel. Le but est la saturation : que le sel ne puisse plus se dissoudre dans l’eau. Merci à Archimède, le dé va flotter.
Maintenant, il faut faire rouler le dé dans l’eau avec un crayon et noter le résultat. Recommencez plusieurs fois cette dernière étape. Si le dé est normal, il tourne et toutes les faces devraient avoir une chance de sortir. En revanche, s’il tourne à peine et affiche presque toujours les mêmes nombres…
Ce test ne fonctionne pas avec les dés qui ne peuvent pas flotter. Néanmoins, c’est un bon départ pour repérer les failles dans les dés les plus communs, en plastique. Un dé pipé n’est pas forcément le résultat d’une triche, sans trace de modification, il est possible que le dé soit juste imparfait.
Comment utiliser un dé pipé à la table ?
Normalement, le dé pipé est un fléau des parties de JDR. Cependant, et ceci s’applique uniquement aux meneurs expérimentés, il est possible de les utiliser à bon escient. Le hasard est un élément indispensable du jeu de rôle, mais il peut parfois être frustrant.
Imaginez venir vivre des aventures et subir échec sur échec, ou encore affronter un ennemi depuis de semaines et il se révèle incompétent à cause des jets… ou invincible ! Parfois, pour garder la bonne ambiance, il est peut-être préférable de donner un coup de pouce aux jets.
Un meneur pourrait donc envisager d’avoir des dés pipés dans son large lot dont certains modifiés pour des résultats faibles et d’autres pour des résultats élevés. En conséquence, si les ennemis s’avèrent trop ou pas assez compétents, il suffit de faire quelques jets avec les dés appropriés pour rééquilibrer la partie.
Le dé pipé et la magie du JDR
Quelques astuces si vous décidez d’intégrer cette méthode à votre table de jeu de rôle : apprenez des grands magiciens. Le but reste d’amuser la table en maintenant l’illusion. En conséquence, voici quelques astuces pour user d’un dé pipé ou plusieurs.
Ne choisissez pas une apparence spéciale pour les dés, de préférence, qu’ils soient identiques aux dés normaux. Au besoin, vous pourriez ainsi les substituer, derrière l’écran par exemple, à l’insu des joueurs.
Ne faites pas un spectacle de l’usage de ces dés. Au moment de sortir le dé pipé, ne signalez pas aux joueurs que « le boss va commencer à être sérieux ». Et une fois la partie terminée, ne révélez pas aux joueurs que vous l’avez fait, cela enlèverait à leur satisfaction et pourraient les inciter à tricher.
Si vous voulez prêter un dé pipé à un joueur pour influencer ces jets, ne le faites jamais avec un dé conçu pour produire plus d’échecs. Utilisez uniquement ces dés pour tirer les joueurs vers le haut quand ils ont une mauvaise passe et commencent à décrocher.
En conséquence, l’utilisation limitée d’un dé pipé peut profiter à la table. Mais gardez à l’esprit un autre conseil de Sun Tzu si vous en usez pour guider la partie. « Sois subtil jusqu’à l’invisible ; sois mystérieux jusqu’à l’inaudible ; alors tu pourras maîtriser le destin ».