Créer une carte du monde pour un JDR peut-être essentiel pour le déroulement de celui-ci. On est donc en droit de se demander comment faire.
Lorsqu’on pense à créer un jeu de rôle, on envisage souvent de l’inscrire dans un monde original. D’autant plus que la satisfaction de voir son œuvre ainsi concrétisée n’a pas vraiment son égal et fait partie des rêves de tous les meneurs en herbe.
À la base de toute bonne carte : la crédibilité
Cependant, c’est un travail de longue haleine qui implique divers éléments. Pour commencer, on peut délimiter un contexte géographique où tous les événements vont se dérouler et que les joueurs vont explorer au fil de l’aventure. Pour cela, il faut donc créer une carte de ce monde fictif.
Il existe des cartes des mondes de fiction les plus célèbres de la culture populaire. Celle de La Terre du Milieu de Tolkien comme sur beaucoup de pans de l’écriture de fantasy fait figure de référence. En l’étudiant, elle donne des idées sur ce que les auteurs doivent garder en tête.
Il faut en effet reconnaître qu’il existe une expérience commune que chaque amateur a sûrement vécue lors des premiers essais à créer une carte du monde. En comparaison au monde de Tolkien, une fois les éléments en place, les territoires, les habitations, les fleuves, les montagnes et les forêts, on a l’étrange impression que quelque chose ne va pas.
En général, en tentant de jouer une partie de jeu de rôle à travers ce premier continent brouillon, on met plus ou moins le doigt sur le problème. Cette carte manque l’élément essentiel de ses illustres inspirations : la crédibilité.
La crédibilité constitue l’ingrédient secret des meilleures cartes de fantasy. Elle n’est toutefois pas à confondre avec un réalisme exagéré. C’est-à-dire que les lecteurs et les joueurs peuvent accepter la possibilité de l’agencement des éléments présentés sur cette carte dans la mesure de ce monde de fiction et pas nécessairement dans le nôtre.
L’importance de la géographie du monde pour créer une carte
Ces éléments sont nombreux et tiennent surtout de la géographie. D’une part, de la géographie physique et d’autre part, de celle humaine. Au moment de créer une carte du monde, l’auteur doit garder quelques bases à l’esprit. Pour aller plus loin, il existe de nombreux ouvrages sur le sujet, mais voici quelques idées avec pour principe que tous les éléments d’un monde sont connectés et que ceci se voit quand doit créer une carte.
Les éléments physiques de la géographie
L’hydrographie est la science qui étudie les plans d’eau, qu’ils soient salés, doux, stagnants ou courants. L’essentiel ici est de se rappeler la logique physique de ces corps dans leur localisation.
Entre autres, elles courent toujours suivant la gravité, donc, en général des sommets des montagnes vers l’océan. Parfois, plusieurs bras d’eaux peuvent se rejoindre pour former un plus grand au cours de ce trajet. Enfin, les lacs doivent en général avoir une source et une évacuation, seulement celles-ci ne sont pas nécessairement en surface.
L’eau est essentielle pour la végétation. Aussi, quand on veut créer une carte, il faut s’attendre à placer plus de forêt ou de jungle le long des cours d’eau qu’au milieu d’un grand territoire vide au milieu du monde. La densité de la végétation est largement dépendante de l’humidité et change graduellement avec elle.
Les précipitations sont l’autre source d’humidité de la végétation. Les océans, les vents et les montagnes affectent où elles sont présentes ou absentes. Ainsi, selon l’effet de foehn, on ne devrait trouver une végétation luxuriante que d’un côté d’une chaîne de montagnes.
En parlant de montagnes, celles-ci sont le produit des mouvements internes de la planète. Puisqu’elles résultent des rencontres entre les plaques tectoniques, qui se brisent, se soulèvent… on ne peut pas trouver une montagne isolée à l’échelle continentale. Quand on les place sur la carte du monde, il faut considérer les phénomènes qui ont contribué à les créer.
La géographie humaine pour créer une carte du monde
Tous ces exemples d’éléments physiques peuvent aussi avoir des liens avec l’aspect humain de la géographie. Les hommes s’installent là où les éléments naturels les ont permis de le faire que ce soit plus ou moins simplement. Que le terrain soit montagneux, forestier, voire désertique, du moment qu’ils peuvent raisonnablement survivre, ils peuvent bâtir.
Ce qui diffère en revanche, c’est la taille des installations. Ainsi, certains environnements sont plus propices à l’installation de grandes cités que d’autres. Ceux-ci incluent l’abondance de ressources, bien sûr, mais aussi la convergence de plusieurs voies de communication.
Bien qu’ils soient souvent arbitraires et changeants, il faut penser aux considérations économiques et politiques pour créer une carte du monde.
Les frontières territoriales en sont la meilleure illustration. D’autant plus qu’elles peuvent en fait correspondre à quelques éléments de géographie physique et donc en lien avec les éléments précédents. Il semble souvent logique de penser une île comme une seule unité territoriale.
Une autre constituante indispensable pour créer une carte du monde, ce sont les voies de communication. Elles relient les lieux d’habitations entre eux et peuvent être des tracés visibles (routes terrestres) ou non (voies maritimes ou aériennes). Dans le premier cas, en particulier, elles dépendent de la forme du relief.
Créer de la cohérence dans une carte du monde pour mieux la briser
Alors, il n’est pas nécessaire de respecter à la lettre ou de manière pleinement scientifique tous ces aspects. En effet, l’essentiel est qu’ils soient suffisamment cohérents pour ne pas sortir le lecteur ou le joueur de la fiction.
D’ailleurs, s’ils sont construits pour être si logiques, c’est justement afin de pouvoir les briser. Créer une carte du monde pour un JDR, c’est créer un grand terrain de jeu pour les joueurs, il faut donc leur prévoir des attractions. Or, le fantastique, c’est un élément inhabituel dans un contexte familier !
De ce fait, le meneur peut offrir des lieux spéciaux à visiter en brisant ces règles de la logique. Ceci se voit, par exemple à travers les écrits de Lovecraft avec Innsmouth ou Dunwich qui sont de petits lieux étranges dans des territoires isolés, en comparaison à Boston ou Arkham. Une ville située au milieu d’un désert sans explication quant à son approvisionnement en eau est certaine d’attirer la curiosité.
Par extension, ce genre de détail peut aussi transmettre des informations aux joueurs sur l’univers en question. Ainsi, créer une carte, c’est aussi utiliser l’environnement pour raconter l’histoire du monde. La ville du désert peut être habitée par des créatures n’ayant pas besoin d’eau ou encore elle a été abandonnée après qu’un incident magique a désertifié tout le territoire. Les PJ le découvriront bien une fois sur place.
La finition : dessiner la carte du monde
La méthode manuelle
Tout ceci reste de la théorie et de la conception cependant, il faut aussi dessiner cette carte. Pour cet exercice, on peut s’y prendre à la main ou au moyen des logiciels ou encore par une combinaison des deux.
Créer à la main une carte d’un monde de fantasy a sa petite satisfaction personnelle et ne nécessite ni beaucoup d’aptitude ni de matériel en dessins. En fait, une connaissance des formes géométriques de base suffit pour faire soi-même ses cartes.
Un bon conseil pour commencer, c’est d’observer diverses cartes afin d’enrichir son vocabulaire graphique. En collectionnant différents symboles, un meneur peut apprendre à retranscrire de différentes façons les éléments à faire figurer sur les légendes de ses cartes. Les motifs et les textures sont ses meilleurs alliés.
Créer une carte du monde avec un logiciel : exemple d’Azgaar
Pour ceux qui préfèrent faire appel aux outils informatiques, il existe des plateformes gratuites ou payantes afin de créer une carte du monde. Avec l’assistance des logiciels graphiques tels Gimp ou Photoshop, on peut y réaliser des cartes très complètes.
Par exemple, il y a le Fantasy Map Generator d’Azgaar, une application gratuite développée via Github. En plus d’être utilisable en ligne ou à installer sur sa machine, il se démarque par la multitude d’options que le créateur peut sélectionner. Son algorithme peut générer aléatoirement une carte crédible en se basant sur les indications de l’auteur.
D’abord, il y a le choix de l’information à afficher sur la carte. Ainsi qu’on veut une carte physique, politique, culturelle ou encore militaire… à figurer en 2d, 3D ou sous la forme d’un globe, toutes ces options sont présentes. La possibilité d’utiliser une grille hexagonale facilite l’usage de la carte ans générée à une table de jeu de rôle.
Le logiciel peut aussi créer la carte suivant un modèle de présentation qui colle à son monde. C’est-à-dire qu’il peut tout aussi bien faire un globe cyberpunk qui aurait sa place sur le bureau d’un corpo qu’une vielle carte en parchemin trouvé dans la poche d’un pirate.
Enfin, des tableaux statistiques permettent de se renseigner sur les différentes puissances en jeu. Du nombre et de la composition des armées au débit des rivières, la précision et la richesse des informations dépassent sûrement ce que tout meneur peut avoir besoin en préparation de sa campagne. L’essentiel, finalement, c’est de créer une carte qui immerge les joueurs dans son monde.
