Chroniques d’un Vampire Millénaire est un jeu à mi-chemin entre le JDR et le journal intime. Il se suffit à lui-même, mais a inspiré un genre à part.
Les jeux de rôle se démarquent entre autres par le fait qu’ils n’ont pas un ensemble de règles qui définit ce qu’est un JDR. Entre la multitude de mécaniques, d’univers et de style de jeu, des créateurs ont innové avec les titres qu’ils proposent.
Chroniques d’un Vampire Millénaire, entre journal intime et JDR solitaire
Ainsi, on trouve une branche des jeux qui se jouent en solitaire dont Chroniques d’un Vampire Millénaire. Aussi connu sous le nom de TYOV ou Thousand Year Old Vampire en VO, il s’agit d’un JDR solo qui prend la forme d’un journal intime.
Créé par Tim Hutchings, il avait gagné son lot d’ENNIES en 2020. Il était rentré cette année avec 2 d’or (meilleures règles et meilleur valeur de production) et un d’argent, celui du produit de l’année.
Dans TYOV, comme l’indique son titre, le joueur incarne un « vampire ». Et il suit son existence à travers ses souvenirs au fil des années, des siècles, voire des millénaires qui s’écoulent jusqu’à ce que la fin arrive. Afin de simuler cela, le jeu exploite un système d’événements numérotés, une fiche personnage et un journal.
Au commencement d’une partie de Chroniques d’un Vampire Millénaire donc, le joueur définit son immortel. Qui il est, comment est-il devenu ce qu’il est à présent, quelques personnes mortelles qui ont leur importance dans sa vie mortelle, une marque qui trahit sa nature surnaturelle… En quelques mots, le personnage est prêt.
Il commence son récit à une entrée, généralement le numéro 1, qui retrace sa première expérience en tant que « vampire ». Après l’avoir lu, le joueur va écrire ce souvenir, avec ses éventuelles conséquences, puis faire un jet 1d10-1d6 et avancer (ou reculer) de ce nombre d’entrées. L’opération se répète jusqu’à ce qu’une des conditions qui marquent la fin de la partie ne soit remplie.
Le système de TYOV : niche, mais versatile
Certains compareraient Chroniques d’un Vampire Millénaire à un livre dont vous êtes le héro, mais il propose une expérience plus complexe. Les entrées sont plus vagues et ne nécessitent aucun test, par exemple. De ce fait, le joueur peut librement raconter l’événement comme bon lui semble en dehors de la conséquence.
Par ailleurs, « vampire » reste aussi une définition très vague dans le livre. Du plus classique des strigoï, aux multiples clans du Monde des Ténèbres, voire à un autre type de créature comme un Windigo ou un loup-garou, le joueur peut dire ce qu’il veut de son immortel. Du moment qu’il respecte les conditions comme « se nourrir des humains » et être quasi-indestructible avec un point faible pour éviter toute incohérence possible avec les entrées.
Une expérience très personnelle
Avec si peu de mécaniques Chroniques d’un Vampire Millénaire peut ne pas correspondre aux attentes de tous les rôlistes. Il reste un titre de niche et peut-être aussi un goût qui s’acquiert avec la pratique. Cependant, ceci lui donne aussi de grands potentiels.
D’abord, son aspect très intime que l’auteur souligne très clairement. TYOV, comme Vampire la Mascarade en fait, fonctionne nettement mieux si le joueur prend la peine et le temps de s’investir émotionnellement dans sa non-vie.
Le jeu se vend sur le poids personnel des actions et des souvenirs du vampire. Immortel, il voit ses connaissances mortelles vieillir et périr, parfois de ses propres mains. La quantité limitée de mécaniques et l’imprécision des entrées laissent la largesse au jouer d’explorer.
Les titres inspirés de Chroniques d’un Vampire Millénaire
D’un autre côté, cela permet aussi de facilement modifier les mécaniques et la présentation du jeu. Chroniques d’un Vampire Millénaire a inspiré d’autres jeux du même genre depuis sa sortie en 2019. De ce fait, parmi les œuvres d’autres créateurs qui s’inscrivent dans la même démarche que TYOV on compte Tales From The Gods, Grimoire, The Magus et Lichdom.
Utilisant le format du journal, chacun de ces jeux place le joueur dans la peau d’un être puissant et immortel (respectivement un dieu ou un mage). En plus de l’entité incarnée, ils présentent aussi d’autres variations mécaniques telles que l’usage de cartes à jouer pour Lichdom.
Quant à l’auteur du jeu original, il a récemment lancé son projet pour une suite à Chroniques d’un Vampire Millénaire. Intitulé So You’ve Met a Thousand Year Old Vampire (SYMA), il prend le point de vue d’un mortel qui fait la connaissance d’une telle créature, de l’excitation et des dangers que cela implique.
Modifier TYOV avec des jeux narratifs ?
Enfin, il reste aussi la possibilité de l’homebrew. On peut insérer d’autres mécaniques pour ceux qui voudraient plus de jeux/d’enjeux dans la partie. Et la fiche personnage étant simple, plus le fait que chaque entrée prend la forme d’une scène, on peut leur greffer des éléments d’un autre jeu narratif pour les jouer.
Les systèmes Propulsés par l’Apocalypse, Freefrom Universal, Dust Devils ou encore Moonlight on Roseville Beach viennent à l’esprit. D’ailleurs, leurs caractéristiques de PJ peuvent se confondre avec celles de TYOV. Dernière suggestion plus récente : Memento Mori avec sa mécanique inédite de Corruption qui ajoute une autre fin prématurée. Les possibilités n’attendent qu’à être explorées.