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Le personnage joueur : élément central du jeu de rôle

Personnage joueur

Le personnage joueur est un élément indispensable à tout jeu de rôle. C’est là enfoncer une porte ouverte : il existe des systèmes sans maître de jeu, sans dé, mais aucun sans PJ. Ils sont l’âme du jeu.

L’un des apanages du JDR, c’est le fait d’incarner un avatar que l’on créée plus ou moins quasiment de toute pièce. En effet, créer ce PJ puis le jouer font partie de ce qui attire tant le public dans le jeu de rôle. Cependant, ce n’est malheureusement pas toujours une étape aisée, et elle peut prendre au piège de nombreuses façons.

Les premiers jets du personnage joueur


PJ, qui est tu?

Avant de discuter de la création de votre personnage, il faut déjà comprendre ce qu’est le personnage joueur dans la dynamique d’un jeu de rôle. Il est littéralement un personnage incarné par un joueur. Dans ce cas, on peut l’opposer aux PNJ, le Personnage Non Joueur, joué généralement par le meneur de jeu.

De ce fait, le PJ est l’avatar du joueur dans le jeu, ce personnage est une extension de lui. C’est à travers les actions et la parole qu’il donne au PJ que le joueur interagit avec l’univers présenté par le maître de jeu. C’est aussi grâce à lui que le joueur peut le plus influencer le déroulement de la partie. Ensemble, les PJ sont les protagonistes de l’histoire.

A l’origine du personnage joueur : des idées

En sachant cela, par où donc commencer dans la création d’un personnage joueur ? Étonnamment, ce n’est pas avec une feuille de personnage, mais par votre imagination et la réponse à la question : qui voulez-vous incarner ?

Eh oui ! Si tout se passe bien, un joueur va passer de longues heures en tant que son personnage. Autant dire qu’il vaut mieux être à l’aise dans sa peau. D’autant plus qu’il n’a pas à nécessairement être comme vous, il saura en général faire des choses que vous rêveriez de faire.

Il faut donc commencer par un concept. Derrière ce mot vague se cache l’infinité d’inspirations d’où germera votre personnage. Cela peut-être un de vos personnages préférés d’une autre œuvre, un élément de background que vous souhaitez explorer ou si vous connaissez bien le système de jeu, une interaction mécanique qui vous plaît.

Prenez ce concept et ensuite vous devez vous l’approprier. Le joueur doit donc construire le personnage autour du concept. Un conseil personnel : un motif pour suivre l’aventure est un impératif pour un début de partie agréable, donc autant passer par là d’abord. Il peut être simple ou complexe et pourquoi pas évoluer au cours de la partie.

En fonction du système, des règles peuvent mécaniser cette étape. Ainsi, la création d’un personnage de Traveller compte une série de questionnaire et de jets qui vont façonner une histoire émergente pour le PJ.  Dans la même veine, on trouve les jeux Old-School Revival pour qui le background comprend plus ou moins les premiers niveaux, du niveau 0 au niveau 3. Pendant celle-ci le personnage passe d’un quidam, parfois généré aléatoirement, à un aventurier chevronné.

Le personnage joueur en immersion

Vous avez maintenant une idée du personnage joueur dans le présent, mais comme son joueur, il a un passé. C’est ce qu’on appelle le background et il va servir à affiner son image dans le présent. Le background peut contenir beaucoup d’éléments : d’autres personnages, des événements marquants, une éducation, un travail… Il vaut mieux garder l’essentiel : au maximum, rentrez le background dans une page.

À partir du background, du concept et de la motivation, vous pouvez affiner votre personnage. En particulier, les caractéristiques et quelles compétences que votre personnage va avoir au moment de remplir la fiche. C’est peut-être aussi le moment de lui donner un nom et une apparence.      

Ne finissez pas le tout définitivement. Au cours d’une discussion entre la table ou au moins entre le joueur et le meneur de jeu, votre personnage va peut-être encore être revu avant d’être joué. C’est l’occasion de se mettre d’accord sur ce qui est acceptable ou non chez le personnage joueur.

Par se mettre d’accord, ce n’est pas que le meneur va brider l’imagination du joueur ou lui imposer arbitrairement ses préférences, mais assurer que le PJ soit adapté à la partie. Jouer le chevalier en armure de votre enfance, OK, mais est-ce vraiment un personnage pour une partie de l’Appel de Cthulhu en 1929 ? Ce genre de dissonance peut sérieusement affecter une partie de JDR.

Pour autant, ne jetez pas votre personnage joueur à la poubelle ! En discutant avec le meneur, vous pouvez peut-être trouver une entente sur comment l’adapter à la partie. Ainsi, le chevalier sera un gentleman anglais poussant son délire de Don Quichotte un peu trop loin. Au pire, vous le ressortirez pour une autre occasion : voyez l’importance d’explorer différents systèmes !

L’assemblage du personnage joueur

À présent que les ingrédients sont réunis, le joueur peut passer à la partie mécanique de la création de son personnage. Le remplissage de la fiche perso. Ici, le personnage va prendre une forme concrète dans la mécanique, en particulier dans les nombres. Chaque système a ses particularités, mais le secret est d’être cohérent avec votre idée de base.

De manière générale, le système va répartir les capacités du personnage joueur entre la force, l’agilité et l’intelligence. La cohérence ici, c’est de renforcer ce qui correspond à votre idée de base : vous voulez jouer un grand costaud au grand cœur ? Ne négligez pas la force ! Acceptez aussi les faiblesses, aucun système bien pensé ne permet aux joueurs d’être très bon en tout.

Un outil à la disposition du joueur dans la création de son personnage, c’est le reflavoring. Qu’est-ce c’est ? C’est l’avantage de comprendre la différence entre la mécanique et l’esthétique d’un personnage joueur. Tout simplement, reflavoring, c’est de garder l’aspect mécanique, mais de décrire à votre manière. Ainsi, un sort pour lancer une boule de feu peut être décrit comme un lance-flamme intégré à votre bras.

Il peut être aussi intéressant de faire de la création des PJ une activité collective entre les joueurs. De cette manière, les joueurs peuvent se répartir des aptitudes, ce qui facilitera les épreuves puisqu’ils seront préparés pour tout et évitera les doublons. C’est aussi l’occasion de tisser des liens entre les personnages qui ne seront donc pas des inconnus.  

Cette coopération est un aspect que certains jeux ont largement adopté. Ceci peut aller d’une altération ponctuelle à une véritable dynamique. Ainsi, si l’approche de Traveller est de lier les PJ à travers des souvenirs d’un passé commun qui viennent apporter des bonus aux jets, City of Mist et Blades in the Dark font du groupe un quasi-PJ à part.

Quelques mises en garde 

Créer un personnage joueur est un exercice des plus amusants. Cependant, il doit être fait avec considération. Un joueur qui néglige la création de son personnage peut vite gâcher le jeu pour tout le monde et détruire la partie. Voici donc une liste non exhaustive de personnages à éviter. Ils ne sont pas interdits, mais à manier avec précaution.

Le loup solitaire

Ne créez pas un personnage jouer de type loup solitaire. Le loup solitaire est un archétype séduisant : héros mystérieux, souvent surpuissant, qui travaille seul… et c’est là le problème : que fait-il avec une équipe ? Pour en jouer un à une table, pensez avant tout à lui donner une motivation même simple de travailler avec l’équipe et tenez-vous-y.

Le surqualifié

Restez raisonnable dans le background. Ici, ça dépend du système, mais dans le cas le plus courant où les personnages commencent au niveau 1, un background surchargé d’aventures n’a pas de cohérence. Pourquoi le héros d’une guerre serait-il de retour au niveau 1 ? Pensez à une explication scénaristique si vous y tenez vraiment.

Évitez aussi de créer un personnage joueur important comme un membre d’une élite sociale. Certains systèmes permettent de jouer ce genre d’individu, mais sinon, jouer ce personnage qui aurait tout simplement mieux à faire peut vite vous lasser et lasser le meneur.

Le personnage principal

N’imaginez pas LE personnage principal du scénario. Sauf si vous jouez en solo avec le meneur de jeu, il sera un fléau pour votre partie de JDR. Il inverse la dynamique où les personnages évoluent dans un univers pour que l’univers tourne autour de lui. C’est un exercice qui sied mieux à l’écriture d’un livre qu’à la narration d’un jeu de rôle.

La zone de confort

Ne pas s’enfermer dans un personnage. Certains rôlistes jouent toujours le même personnage joueur à chaque partie. Peu importe l’amour que vous portez à un personnage, il est bon d’explorer d’autres horizons, expérimentez la richesse des JDR. Rappelez-vous que cela peut être monotone pour la table que vous partagez avec autrui.

Il est toutefois intéressant que certains jeux tentent d’apporter des solutions à ces questions de limites durant la création du personnage joueur. Ainsi, les systèmes narratifs permettent aux joueurs d’incarner des PJ aux objectifs opposés, voire antagonistes. Citons aussi le futur jeu de MCDM où les PJ sont des héros très compétent dès le départ, échangeant la satisfaction de la courbe de progression contre l’adrénaline. Des expériences diversifiées qui ont toutes leurs mérites !

Le cycle de vie d’un PJ

Cette dernière question ne concerne pas nécessairement tous les jeux ou toutes les tables de jeu. Cependant, elle revient souvent et fait parfois partie de ces conflits philosophiques qui animent les forums et les vidéos YouTube qui parlent de JDR : doit on tuer un personnage joueur?

En effet, il existe des avocats de chaque extrémité du spectre avec ceux qui disent que, si le meneur ne doit pas activement cherché la mort des PJ, il ne doit pas les sauver et de l’autre ceux qui jugent que ceci ne devrait pas arriver. Mais il n’y a finalement pas de bonne réponse puisque ceux sont les tables qui dictent ce fait. Ainsi, le problème ne se pose pas si le contrat liant les participants explicite clairement les attentes de chacun à ce sujet.

Certains jeux sont par contre très clairs quant à leur position sur la question et ceci s’accompagne de règles claires pour que cette fin (ou absence de fin) soit dans l’esprit du titre. Les jeux Mörk Borg tuent aisément les PJ, mais ils ont une mécanique très simple pour les remplacer sur le vif : ils ne sont pas faits pour être durables. En mourant, un personnage joueur de Dust Devils peut faire une dernière action mémorable car cette scène est particulièrement importante. Choisir son système est donc important avant de s’investir dans un PJ.

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