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Les elfes : icônes immortelles de la fantasy

Les elfes sont des êtres essentiels de la fantasy. Des mythes à la culture populaire, ils ont traversé les âges et les sociétés.

Nos œuvres de fiction sont anthropocentriques, avec l’Homme souvent au centre, voire omniprésent dans ceux-ci. Cependant, il partage souvent ces scènes avec d’autres créatures qui ont leurs mœurs, leurs sociétés et leurs cultures.

Depuis les mythes à la fantasy, une petite histoire des elfes

Les elfes sont probablement ceux que l’on retrouve le plus dans la fantasy, aux côtés des nains. Figures incontournables de celle-ci, ce nom évoque certaines images dans l’esprit. Images que l’on doit surtout à Tolkien, mais qui ne sont pas une représentation exhaustive de ces êtres avant tout mythiques.

Une figure mythologique européenne

En effet, les origines des elfes se trouvent dans la mythologie européenne, nordique en particulier. Globalement, c’étaient des divinités mineures liées à des éléments de la nature. En conséquence, ils s’apparentaient aussi aux gnomes, aux nains, ou encore aux fées. Avec l’expansion viking après le Xe siècle, on les retrouve aussi sous des variantes régionales dans les régions germaniques et celtiques.

Le Christianisme a aussi exercé son influence sur la représentation que les sociétés se faisaient des elfes et elle sera, en partie, héritée par la fantasy moderne. Ainsi, les dualités entre Dieu/Diable, Lumière/Ténèbres et Bien/Mal créent une dichotomie entre les elfes lumineux et ceux noirs. Distinction notable surtout chez Snorri Sturluson, elle va rester l’une des plus populaires, jusqu’à aujourd’hui.

De plus, depuis le Moyen-Âge, les elfes occupent les espaces non occupés par l’homme. Aussi, sinon plus, anciens que celui-ci, ils représentent de plus en plus les craintes des sociétés médiévales. Raison pour laquelle ils gagneraient de plus en plus de traits féminins telles la beauté ou la magie, telles des sorcières, et se dotent d’arcs. Un contraste évident en comparaison aux êtres aussi bien masculins que féminins qu’ils étaient dans les mythes nordiques.

Le romantisme victorien va aussi passer par là. Cette fois, c’est l’elfe/fée, malicieux, mais pas maléfique, tel qu’on le trouvait avec Oberron et Titania dans le Songe d’une Nuit d’Été de Shakespeare qui retrouve un second souffle. Mais tandis que l’Europe construit les fondations de la société dite moderne, un homme va placer celles de la fantasy.    

Tolkien et les elfes de la fantasy classique

En effet, celui qui va cimenter leur première représentation moderne, c’est JRR Tolkien en 1937. Les elfes de sa Terre du Milieu, et plus tard de la fantasy, se distinguent clairement des fées et des nains avec lesquels ils se confondaient dans les mythes. Les humanoïdes sveltes aux longues oreilles, d’une grande beauté, guerriers accomplis, perpétuellement jeunes et maîtres de nombreux arts mystérieux étaient nés.

Malgré toutes ces qualités, les elfes de Tolkien sont un peuple sur le déclin. Ils disparaissent peu à peu, laissant la place aux hommes. Dans son œuvre, fortement marqués par le contexte de vie de l’auteur avec l’industrialisation et la Grande Guerre, ils représentent la magie et la nature qui cèdent leur place à la rationalité et aux constructions urbaines.

L’elfe comme un porteur de messages sociaux

Comme le montre Tolkien, les elfes de la fantasy s’adaptent au contexte pour porter des messages différents. Au cours du XXe siècle, c’est, par exemple, la colonisation. Proches de la nature, les elfes incarnent les autochtones chassés et opprimés par les Européens.

Plusieurs décennies après la fin des empires coloniaux, l’elfe servile est toujours présent dans la culture populaire contemporaine. On pense notamment à l’œuvre de JK Rowling. Ses elfes de maison, petits et laids, sont totalement aux antipodes de Legolas. Personnellement, je citerai aussi les elfes du premier Dragon Age où le PJ peut subir (ou se révolter) face à la tendance de certains PNJ à l’insulter en raison de son appartenance raciale.        

Mais inversement, les elfes peuvent aussi servir à représenter une classe d’élite dans la fantasy. Blancs de peau, blonds de chevelure, beaux, parfois même d’ascendance divine avérée… Ils sont alors présentés comme arrogants et avec un complexe de supériorité qui les pousse à mettre en place des sociétés tyranniques et ségrégationnistes envers les autres races. Tir Tairngire, le pays elfe sur le continent américain dans le JDR Shadowrun, se présente comme tel de ce que j’en ai lu.

Un être omniprésent dans la fiction

Cette liste est loin d’être exhaustive. La BD a aussi son lot d’elfes avec des œuvres comme Elfquest (Le Pays des Elfes) qui suit une tribu d’elfes qui tentent de résister à l’avancée des êtres humains. Les jeux vidéo aussi, à part les Elder Scrolls, on en trouve aussi ailleurs, mais je ne citerai qu’Arcanum, où ils sont une race très fière avec tellement d’affinité magique qu’ils ont peu d’intérêt pour la technologie. Les wargames avec Warhammer présentent le trio classique des hauts-elfes, elfes des bois et elfes noirs. 

À noter enfin que certains êtres fantastiques de la fiction reprennent les codes des elfes sans être explicitement nommés ainsi. C’est le cas avec les Enfants de la Forêt de la saga du Trône de Fer de GRR Martin : anciens, proches de la nature, repoussés dans leurs derniers retranchements par l’arrivée des Premiers Hommes,…

Les elfes dans le JDR de fantasy

Dans le jeu de rôle, l’elfe existe sous toutes ces formes. Celui de Donjons & Dragons, par exemple, est très « tolkiennesque ».  Ils présentent donc de longues oreilles et une proximité avec la nature ainsi qu’une grande adresse, notamment au maniement des arcs. Toutefois, les elfes s’y divisent encore en plusieurs groupes avec des mœurs et lieux de vie différents : Haut-elfe, Elfe des Bois, Elfes Noirs… Les extensions de DnD ont la réputation de  souvent en introduire de nouvelles.

Les classifications des elfes dans la fantasy pourraient parler de nos craintes modernes selon certains chercheurs. Ainsi, les drows avec leurs sociétés matriarcales sont apparus dans les années 70-80. Une période d’émancipation des femmes où les figures de la sorcière et de Lilith étaient réhabilitées pour dénoncer l’occident patriarcal chrétien. Ceci explique leur apparence et leurs mœurs où la séductrice et la traitrise sont centrales.

Actuellement, ils sont plutôt le sujet de discours raciaux du fait de leur couleur de peau. De plus en plus, Drizzt passe de l’exception à la norme des elfes noirs, tandis que les hauts-elfe et les elfes sylvains portent des revendications environnementalistes et pro-LGBT. En jeu de rôle, comme ailleurs, la longévité des elfes dans la fantasy, finalement, ils la doivent à cette capacité à s’actualiser et donc à fasciner.

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