Sapa Inca sort des territoires habituels du jeu de rôle. Il transporte les joueurs dans ce grand empire du XVIe siècle.
Les créateurs et joueurs de JDR s’inspirent souvent de réalités historiques, présentes ou révolues, pour leurs propres univers. Si le genre de la medfan reste le plus populaire, il arrive de trouver des jeux privilégiant l’ailleurs.
Un JDR uchronique et exotique
C’est le cas avec Sapa Inca d’Ordonata Editions. Financé entre mai 2022 et octobre 2023 sur GameOnTabletop, ce titre place son action durant l’apogée de l’empire éponyme. Cependant, par un coup de pouce divin, l’histoire a pris une autre tournure dans cette version des années 1530 à 1550.
En effet, dans cette uchronie les Incas n’ont pas perdu face aux Conquistadors. Le contexte a plutôt conduit à une certaine forme de cohabitation entre les locaux et les représentants européens. Ces derniers s’installent donc dans de petites enclaves, les comptoirs commerciaux de la Nouvelle-Castille du gouverneur Pizarro.
Au-delà, on retrouve le monde de Sapa Inca : l’empire inca ou « Tahuatinsuyu ». Les auteurs ont pris le temps de s’intéresser à cette réalité, bien différente de celles auxquelles la fiction nous habitue généralement, et d’en faire une expérience de dépaysement.
Hormis la variété de la culture de l’empire, faite d’un grand nombre de régions, plus ou moins récemment intégrées dans le Tahuatinsuyu, il faut compter sur l’absence de certains éléments familiers. La monnaie, la roue et l’écriture, en particuliers, ne sont pas en usage. Les joueurs doivent donc approcher le roleplay différemment et trouver de nouvelles solutions aux problèmes.
Les Amachaqs, rencontre entre le lore et les mécaniques de Sapa Inca
Les PJ de Sapa Inca sont les Amachaqs, des personnages aux dons particuliers qui ont contribué à la défense de l’Empire face aux Espagnols. Ils sont élus par les dieux parmi tous les habitants de ces terres, y compris chez les Espagnols, et disposent de pouvoirs spéciaux qu’ils mettent directement au service du bien-être de l’Empire.
La base d’un personnage-joueur est ce qu’on appelle son archétype ou sa destinée. C’est autour de celle-ci que le rôliste va construire son avatar. Et elle peut aller d’officiels locaux comme des aristocrates à des représentants européens tels des religieux catholiques envoyés en mission. Ceci détermine donc aussi son origine et les langues qu’il connaît.
Ensuite, les Amachaqs de Sapa Inca possèdent deux choix à faire. Ils déterminent ses capacités surnaturelles.
Il s’agit de son animal tutélaire et de son dieu. Pour le premier, il s’agit d’une liste de 14 animaux avec des capacités animistes différentes. Si le PJ commence avec un pouvoir de base, dit naissant, ceux-ci peuvent augmenter au fil de ses aventures dans le Tahuatinsuyu. Pour le second, il pioche dans le panthéon des 11 dieux du panthéon Inca. Cette divinité va aussi lui octroyer un pouvoir naissant.
Dans Sapa Inca, les PJ disposent de 4 caractéristiques aux noms atypiques : Vipère, Puma, condor et Dauphin. Chacune de ces caractéristiques comprend 5 compétences uniques. Ainsi, par exemple, la caractéristique Vipère inclut les compétences Culture, Échanges, Enquête, Herboristerie et Langage. Ces avaleurs influencent ses caractéristiques secondaires.
La carrière et les choix du joueur déterminent les valeurs finales de ses compétences, ses caractéristiques, mais aussi la puissance de ses pouvoirs. De ce fait, il existe un grand nombre de combinaison qui devrait ravir aussi bien les férus de RP que les Min-Maxer qui voudraient tenter différentes combinaisons.
Un principe familier pour des aventures uniques
Sur le point des mécaniques de résolution, Sapa Inca utilise un système de dés à 8 faces mais qui rappelle le système Storyteller du Monde des Ténèbres. En effet, le meneur (l’Apu Inti) et le joueur déterminent la caractéristique et la compétence qui correspondent le mieux à l’action tentée. Le jet se fait ensuite avec un nombre de dés équivalent à leur somme avec un système de dice-pool. On compte les réussites (3, 4 et 7) que l’on va comparer à un objectif minimum.
Le vocabulaire pourrait nécessiter un petit temps d’adaptation. On parle par exemple de jet de Vipère + Enquête contre le score de Puma de la cible. Mais ceci donne une personnalité à Sapa Inca qui le démarque des nombreux titres qui existent déjà à ce jour.
D’ailleurs, les créateurs en sont conscients puisque l’ouvrage principal et ceux additionnels, Tahuatinsuyu et Missions dans le Tahuatinsuyu, consacrent de nombreuses pages à développer son monde. L’histoire, la géographie, les cultures… convergent dans des scénarios qui exploitent leurs richesses.
Cette escapade en territoires inconnus peut peut-être ne dérouter certains. L’éditeur propose néanmoins un kit de découverte à télécharger gratuitement pour Sapa Inca. En 90 pages environs, il introduit l’essentiel de l’univers et des règles ainsi qu’une poignée d’Amachaqs pour faire quelques missions initiales.