La médiéval fantasy constitue le sous-genre le plus populaire de la fantasy, y compris dans le JDR. Certains rôlistes ne jurent que par elle.
Geeks ou non, rôlistes ou non, adultes ou même enfants, nous avons presque tous une certaine représentation de la fantaisie. Y compris en dehors de l’Europe où elle a ses racines, la medfan a conquis le grand public.
La star du fantastique : la médiéval fantasy
Comme son nom l’indique, la médiéval fantasy combine deux éléments : le Moyen-Âge et la fantaisie. Par conséquent, on pourrait la définir comme un genre littéraire dont l’inspiration vient de la littérature et les légendes de l’Europe médiévale, du Ve au XVe siècle. Tout du moins, dans la représentation que l’on s’en fait à une époque donnée et ponctuée d’éléments fantastiques.
Dans les sources les plus communes où l’on puise pour la medfan, on trouve les contes de fées ou encore les légendes de guerriers mythiques comme Arthur, Cu Chulainn ou bien Roland. Elle inclut donc aussi une touche de surnaturel, tels que la magie, les dragons et les mondes imaginaires.
La médiéval fantasy est quasi omniprésente dans la culture populaire actuelle. Des romans aux jeux vidéo, en passant par les mangas ou les films et, bien sûr, les jeux de rôle sur table. En conséquence, on peut la voir comme un pilier de la culture geek.
De Chrétien de Troyes à GRR Martin, une histoire pluri-centenaire
Techniquement, dès le Moyen-Âge, des auteurs comme Chrétien de Troyes incluaient des faits extraordinaires dans une version imaginaire de leur quotidien. Après le XVe, on continue de lire et d’écrire sur cette époque. D’ailleurs, c’est le XIXe siècle est responsable d’une bonne partie des stéréotypes qu’on assimile au « Moyen-Âge ». Mais si on ne devait retenir qu’un nom pour avoir jeté les bases de la médiéval fantasy, ce serait J. R. R. Tolkien avec l’ensemble de son œuvre autour de la saga « Le Seigneur des Anneaux ».
D’autres auteurs y ont aussi contribué. C. S. Lewis, créateur des « Chroniques de Narnia », R. E. Howard, le papa de « Conan le Barbare », ou plus récemment G. R. R. Martin et son Trône de Fer, par exemple. Et dans le cas du dernier, on constate que les créateurs continuent à construire la medfan. Prenant inspiration sur eux et y ajoutant leur grain de sel, les rôlistes apportent leur pierre à l’édifice.
La médiéval fantasy dans les JDR
Dès le départ, les jeux de rôle papier ont trouvé un terreau fertile pour l’imagination dans la medfan. En 1974, de grands fans de médiéval fantasy, Gary Gygax et Dave Arneson, lancent « Donjons et Dragons ». Les participants vivent des aventures épiques à travers des avatars qu’ils créent eux-mêmes dans un monde medfan conçu et interprété par le maître du jeu. Plus tard, DnD a eu droit à son univers bien à lui : Les Royaumes Oubliés.
De la recherche de la familiarité…
On retrouve énormément d’éléments de la medfan (codes, archétypes ou encore clichés) dans DnD et les autres JDR qui ont suivi. S’il est exagéré de dire qu’en avoir vu un signifie qu’on les a tous vus, on retrouve certaines quasi-constantes.
Il y a bien sûr l’imagerie de ces mondes imaginaires. Quoi de plus normal : la médiéval fantasy reste cette vision fantastique de l’Europe au Moyen-Âge. On y retrouve donc une certaine structure social, imitant approximativement la société d’ordres, mais avec la présence de la magie qui peut plus ou moins affecter la réalité des habitants.
Les personnages comptent aussi des codes spécifiques dans la medfan. Les sorciers à la poursuite de savoirs parfois maléfiques, les chevaliers et autres guerriers en armure qui mènent de nobles quêtes, ils sont parfois au service d’une divinité bienfaisante et prennent le titre de paladins, les elfes et les nains qui vivent des siècles… On les connaît tellement qu’on s’étonnerait de leur absence.
… à l’audace des innovations…
La flexibilité et la créativité offertes par ces jeux ont fait de la médiéval fantasy un genre dynamique et en constante évolution. Le barbare de la medfan moderne, par exemple, diffère de Conan sur certains points, en étant souvent présenté comme brutal et un peu bête, poussés à l’extrême dans Naheulbeuk.
La technologie varie aussi. Certains puristes s’insurgent de la présence des armes à feu dans ce genre d’univers, d’autres l’acceptent et on va jusqu’à trouver un peu de steampunk dans certains cas. L’artificier de DnD ou encore les ruines des Dwemer des Elder Scrolls embrassent entièrement cette idée.
Un point qui fait parfois controverse, c’est l’abandon de l’eurocentrisme et des différences raciales/sexuelles dans la médiéval fantasy. On accepte de plus en plus l’intégration d’éléments venus d’autres régions du globe et la fin des limitations. Ainsi, si les premières itérations de DnD disaient clairement que telle race ne pouvait être de telle classe, les JDR modernes donnent toute la liberté aux joueurs.
… La pluralité des visages des jeux de rôle de médiéval fantasy
D’un côté comme de l’autre, il y a parfois appel pour ou contre le « réalisme » afin de justifier un choix. C’est par exemple le cas de FATAL qui réclamait qu’il faisait preuve d’une volonté d’être le plus fidèle possible aux réalités du Moyen-Âge européen avec ses obligations pour les joueurs et les PJ. Or, un examen rapide démontre qu’il y a plutôt un tri sélectif pour coller à la vision de l’auteur.
Sans s’attarder sur ses convictions discutables, il aura au moins montré une chose. La médiéval fantasy dans le JDR (et dans toute forme de média en fait), c’est avant tout ce que l’auteur veut en faire. Si Tolkien, Howard et Martin peuvent avancer des variantes d’un même genre, nous pouvons tous le faire.
Chacun peut d’ailleurs déjà trouver un système ou un univers de medfan qui lui parle. Donjons & Dragons a au moins 5 versions plus ou moins héroïques de celui-ci, encore plus si l’on compte ses dérivés comme DC20.
Aux rangs des nouveaux jeux, on ne manque pas de variétés. Daggerheart en a une vision plus féérique à l’opposé Mörk Borg qui y ajoute de la post-apo et une brutalité inégalée. Memento Mori montre une medfan un peu plus réaliste tandis que Fabula Ultima intègre la touche des JRPG du style Final Fantasy, The Burning Wheel joue sur la réalité sociale et physique de ces 1000 ans d’histoire, là où Pendragon propose de rejouer le mythe arthurien… C’est une liste qui ne tarira jamais.