Le roleplay et le combat sont parfois considérés comme deux extrêmes du JDR. Ils font pourtant une combinaison parfaite.
La diversité des jeux de rôle ainsi que la pluralité des tables poussent les rôlistes à trouver leurs styles de jeu. En conséquence, certains divisent, voire effacent totalement, le RP durant les conflits.
Combat et roleplay : des éléments incompatibles ?
En effet, en particulier les joueurs de la vieille école critiquent généralement les jeux vidéo pour cette « mauvaise influence » sur le JDR papier. Ils évoquent surtout l’assimilation des systèmes des JDR modernes à une liste de boutons en papier. En conséquence, ils poussent les joueurs à se concentrer sur les mécaniques plutôt que sur leur créativité en jeu. Il ne s’agit pourtant que d’une vision du roleplay pendant le combat.
Le fait est que les actual play démontrent que même avec un jeu aussi mécanisé que DnD, c’est possible d’avoir du RP. Il y a bien sûr le cas de Critical Role dont les campagnes arrivent maintenant en animation. Mais, il y a aussi Sombres Machinations qui n’emploie pas d’acteurs professionnels, mais ont bien fait une saison avec du Donjons & Dragons.
Leurs approches résument un peu ce que toute la table doit faire pour le roleplay dans le combat : narrer l’action. Plutôt que de se contenter de lister les mécaniques par l’activation des actions et leurs conséquences (« je fais une attaque avec mon arme pour 2d6 de dégâts »), il faut mettre de la couleur. Décrire ce que verrait un spectateur si la scène se déroulait dans un film d’action, par exemple.
Une affaire d’implication des joueurs
Comme tout ce qui touche au RP pourtant, ce n’est pas chose aisée au départ. Il est donc généralement bon pour le meneur de donner l’exemple. À la troisième personne, c’est aussi souvent plus facile de se lancer. Petit à petit, on rentre dans la peau des personnages.
Avec le combat, en revanche, ce roleplay est un peu plus particulier. Il doit être plus nerveux, rapide, bref, et centré sur l’action, justement dans le but de ne pas faire traîner les tours. Idéalement, n’avoir qu’une ou deux minutes par personnage permet de faire tourner régulièrement la machine.
Toutes les scènes de baston n’ont pas à avoir le même poids scénaristique. Ainsi, il suffit de passer rapidement les combats qui n’ont que peu d’importance. En revanche, celles d’importance à titre personnel méritent de longues descriptions pour l’ambiance, le déroulement des événements et la réaction des personnages.
Il faut ensuite laisser les feux des projecteurs aux joueurs. Dans le cadre des phrases les plus reconnaissables du jeu de rôle, il s’agit par exemple du célèbre « Comment veux-tu le faire ? » quand un PJ va achever un ennemi. La même liberté et énergie devraient se trouver tout au long du conflit.
Du roleplay dans le combat : approches diverses
Certains JDR donnent une place particulière au roleplay des scènes de combat. En dehors des jeux classiques et des OSR qui reposent sur la simplicité de leurs mécaniques pour donner la liberté aux joueurs de raconter comme bon leur semble, on trouve des jeux qui exploitent leurs mécaniques.
BattleTech, Traveller, Cyberpunk ou encore Warhammer Fantasy déterminent mécaniquement le quelle zone du corps est touchée, ainsi que le type de blessure. Par opposition aux premiers, ils pèsent énormément au niveau des mécaniques. Mais il suffit pourtant de traduire ce résultat en descriptions.
D’autres jeux demandent à ce que les joueurs prennent vraiment le temps de décrire ces actions, à y mettre leur touche personnelle. Les TRPG japonais, par exemple, avec Shinobigami qui laisse une partie de la fiche à la description d’un Oghi. Il s’agit d’une attaque ultime du personnage dont le joueur va faire la description. Et le meneur est incité à réagir, à travers les PNJ et le narrateur, à faire grandir les PJ.
Intégrer l’émotion dans les conflits
Mais ce jeu rappelle aussi que le roleplay en combat, ce sont aussi les émotions. Que ce soit à travers le MJ qui met des enjeux personnels aux PJ ou les joueurs qui utilisent leurs liens. Ces interactions peuvent par ailleurs aboutir sur une forme saine et amusante du PvP, le conflit entre les PJ.
Ces instants forgent l’arc narratif du personnage qui y trouve des occasions d’évoluer. Par ailleurs, un combat peut tout à fait se résumer purement à du roleplay. Dans ce cas, plutôt que d’utiliser les règles normales du combat, les rôlistes vont jouer le tout comme une scène narrée. Ainsi, avec l’absence d’enjeux mécaniques (perte de PV,…) avec leurs considérations tactiques, les joueurs peuvent laisser la place aux descriptions épiques, dramatiques, et, pourquoi pas, comiques.