Casus Belli est un nom qui évoque peut-être de la nostalgie pour certains ou inconnu au bataillon pour d’autres. Premier de son domaine, ce magazine pionnier est encore dans les kiosques jusqu’à nos jours.
Le monde du divertissement a donné lieu à la création d’une littérature spécialisée et passionnée. La peinture, la photographie, le sport, la science ont leurs magazines. Ainsi, il en est de même pour le jeu de rôle avec un nom avant tout les autres : Casus Belli.
Histoire mouvementée d’une publication
Casus Belli, d’un magazine de wargame…
L’histoire de Casus Belli commence au tout début de la décennie 80. Le JDR n’avait alors pas encore dix ans. François Marcela-Froideval, fondateur de Fédération Française des jeux de simulation stratégique et tactique (FFJSST), décide de créer un périodique de communication pour celle-ci. En conséquence, il lance Casus Belli en France le mois d’avril 1980.
Bien qu’il soit à présent connu comme un journal destiné aux rôlistes, Casus Belli a eu du chemin à faire pour en arriver là. D’ailleurs, ces premiers numéros clamaient être « le magazine des jeux de simulation ». En plus des fans de JDR, il visait aussi ceux de wargames et autres jeux de plateau.
C’était un petit magazine indépendant en noir et blanc, non disponible en kiosque. Pour se le procurer, il fallait aller dans certaines boutiques de jeu, dont Jeu Descartes pour qui travaillait François Marcela-Froideval. La publication trouve une première vitesse de croisière à partir du troisième numéro en tant que magazine trimestriel puis bimestriel.
Les contrôles passent à Didier Guiserix quand François Marcela-Froideval part. Il se rend aux États-Unis pour travailler avec Gary Gygax sur Advanced Dungeons & Dragons. Entre-temps, avec l’âge d’or des jeux de rôle en France, au milieu des années 80 et son passage à la vente en kiosque, Casus Belli est à son sommet.
Malheureusement, étant un produit lié au marché de niche du jeu de rôle, le magazine n’allait pas tarder à chuter. En effet, à la fin des années 1990, le JDR n’est plus aussi rentable. Les ventes de Casus Belli ne rapportent plus assez et la publication s’arrête. Il était alors à son numéro 122 d’octobre-novembre 1999. Ces vieux numéros sont disponibles gratuitement en abandonware.
… à un une approche généraliste…
Un (premier) arrêt qui n’est finalement que temporaire ! Dès le mois de mars 2000, Arkana Press lance un reboot du magazine. À l’entrée de ce nouveau millénaire, le magazine ne s’adresse plus uniquement à son premier lectorat de rôlistes. Il revient en tant que magazine de « Jeux de rôle, jeux online et cultures de l’imaginaire ».
Cette période va durer 6 ans, jusqu’en 2006 donc. Les trois dernières années ont été troublées pour l’éditeur et après s’être séparé de ses collaborateurs, il doit cesser la publication. Le n° 39 marque la fin de cette ère et une disparition pour quelques années.
… pour devenir Casus Belli, la référence en jeux de rôle
La nouvelle formule, un mensuel de 76 pages, vient en août 2010. Elle était l’œuvre de deux fans à qui le magazine manquait selon leur dire. La société créée à l’occasion s’appelait d’ailleurs Casus Belli Presse. Malheureusement, cette renaissance est éphémère, au bout de 5 numéros et des difficultés financières, le magazine doit déjà s’arrêter en 2011.
Son ultime et grand retour fait finalement suite à ce drame. D’un magazine, il passe au format mook, mais surtout sous la production de Black Book Editions. Ce géant français de l’édition de JDR continue de sortir ce périodique depuis 2011. Le dernier numéro à ce jour est sorti en mars 2023. Cependant, les réabonnements pour les numéros 44 à 47 sont ouverts, promesse d’un avenir brillant pour ce magazine qui revient de loin !
L’évolution de la formule de Casus Belli
Comme cette histoire le démontre, Casus Belli n’a pas eu qu’une formule au fil des années. Ainsi, dans l’editorial à la première page du premier numéro d’avril 1980, le magazine est vendu comme « intégralement réservé au wargame sous toutes ses formes ». Cependant, ceux-ci y partageaient déjà quelques pages avec Donjons & Dragons.
À la lecture de la note finale de cet article, les auteurs testaient encore l’idée d’une rubrique jeu de rôle pour le journal. Les retours ont dû être positifs, puisque le JDR revient dès le numéro suivant. F. Bienvenu y apprenait aux lecteurs comment jouer à (et comment il dirigeait une partie de) Donjons & Dragons.
Ceci est donc bien différent de ce que les autres testeront par la suite. La formule des années 2000 va donner plus d’importance aux jeux en ligne (la grande époque des MMORPG oblige !). En comparaison, celle de Casus Belli Presse se voulait être plus centrée sur le JDR. C’est cette approche qui se retrouve finalement encore dans son itération actuelle.
